Intervention de Jean-Michel Blanquer

Réunion du 14 mai 2019 à 14h45
Pour une école de la confiance — Discussion en procédure accélérée d'un projet de loi dans le texte de la commission

Jean-Michel Blanquer :

Monsieur le président, madame la présidente de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, je m’associe à l’hommage qui vient d’être rendu à deux héros de la Nation. J’ai suggéré que des écoles, collèges et lycées puissent porter leurs noms ; nous en faisons la proposition aux collectivités territoriales, comme nous l’avons fait pour le lieutenant-colonel Beltrame, car il est très important que soit donné à nos élèves et à notre pays l’exemple de ces hommes, qui incarnent au mieux la défense des valeurs de la République.

Je suis heureux de présenter aujourd’hui le projet de loi pour une école de la confiance à l’examen de la Haute Assemblée.

Depuis un certain nombre d’années, notre école souffre de la difficulté à réduire les inégalités sociales, à permettre à tous les élèves de maîtriser les savoirs fondamentaux – lire, écrire, compter, respecter autrui – et, au-delà, à s’insérer dans la vie professionnelle. Deux chiffres, que nous ne devons jamais oublier dans nos débats, s’imposent à nous : plus de 20 % des élèves ne maîtrisent pas les savoirs fondamentaux à la fin de l’école primaire et près de 23 % de nos jeunes sont aujourd’hui au chômage. Aux deux extrémités de notre système se pose évidemment une grande interrogation sur les causes et les raisons de ces phénomènes.

Bien entendu, nous avons l’impérieuse nécessité d’apporter des réponses concrètes et efficaces. Nous devons combattre collectivement les chiffres que je viens de citer, car s’y cachent derrière des réalités sociales, que nous devons changer avec une constance d’airain.

Au-delà de leur froideur, ces chiffres témoignent de la frustration, du doute sur l’avenir et, tout simplement, du sentiment de relégation qui peut être éprouvé par certains de nos compatriotes. C’est pourquoi ma priorité absolue et constante est, depuis deux ans, l’école primaire. En effet, l’école primaire est la clé de l’amélioration collective de notre système scolaire et, donc, de notre Nation. Elle joue, dans l’histoire de notre République, un rôle tout particulier, un rôle emblématique : c’est par elle que tout commence pour la vie d’un enfant comme pour la République.

C’est par une politique d’élévation résolue du niveau, de justice sociale et d’équité territoriale que nous pouvons hisser l’école française parmi les meilleurs systèmes au monde, ce qu’elle a su être. Nous ferons ainsi de la France, selon les vœux mêmes du Président de la République, des vœux qu’il a réitérés, une grande puissance éducative, car nous devons aussi raisonner à l’échelle mondiale.

Le projet de loi qui vous est présenté ne prétend pas résoudre tous les problèmes – je l’ai d’ailleurs indiqué dès l’origine –, mais il approfondit le sillon que nous avons tracé depuis deux ans.

D’abord, la politique de l’école primaire a abouti à diviser par deux les classes de CP et de CE1 dans les territoires les plus défavorisés, permettant ainsi, au moment où je vous parle, à 190 000 élèves de bénéficier de conditions particulières pour démarrer leur vie d’élève. Cette mesure, qui commence à faire ses preuves, concernera 300 000 élèves à la rentrée prochaine. Elle va évidemment de pair avec une politique pédagogique renouvelée, au travers de recommandations pédagogiques qui s’inspirent non seulement des travaux scientifiques portant sur les meilleures pratiques en matière d’acquisition des savoirs fondamentaux et de l’expérience, mais également des évaluations des classes de CP et de CE1 notamment, qui nous permettent de bien mesurer les progrès individuels et collectifs de nos élèves.

Il convient donc d’engager un investissement massif dans l’école primaire. Ce sera d’ailleurs encore le cas lors de la rentrée de 2019, avec la création de 2 300 postes, et ce dans un contexte de baisse démographique. Cette mesure doit nous permettre non seulement de mener cette politique dans les territoires classés REP et REP+, mais également de consolider l’école rurale, une consolidation que le Président de la République a confirmée au cours de sa récente allocution. Il s’agit donc aujourd’hui d’une mobilisation à la fois pédagogique et budgétaire au service de l’école primaire.

Le projet de loi dont nous nous apprêtons à débattre s’inscrit donc pleinement dans la priorité éducative rappelée et approfondie par le Président de la République au cours de sa conférence de presse du 25 avril dernier au cours de laquelle il a annoncé, outre les éléments que je viens d’indiquer, la fin des fermetures d’écoles primaires sans l’accord du maire, le dédoublement des grandes sections de maternelle classées en zone d’éducation prioritaire et la limitation à 24 élèves par classe en grande section, en CP et en CE1 partout en France.

Le projet de loi pour une école de la confiance s’inscrit dans une politique générale qui fait de l’éducation le cœur du projet de société que nous avons pour l’élévation du niveau général de notre peuple, mais aussi pour la justice sociale.

Tant de choses ont été dites à propos de ce projet de loi… Aussi, j’espère vivement que les débats au sein de la Haute Assemblée permettront de rectifier certaines erreurs, certains mensonges même. Je suis d’ailleurs frappé de constater que ces erreurs et mensonges n’existaient pas lorsque le texte a été examiné par la chambre basse. Ce n’est que dans l’intervalle entre l’examen du texte par l’Assemblée nationale et le Sénat que ceux-ci ont prospéré.

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