Je veux voir dans la démocratie parlementaire la vertu de pouvoir discuter, sur des bases réelles, le contenu d’une loi. C’est ce que l’on attend de la démocratie représentative, et c’est, me semble-t-il, ce que nous avons à démontrer. Nous pouvons avoir des points de vue différents sur chacun des articles, mais nous ne saurions décrire l’article autrement qu’il n’est.
L’article 1er de ce projet de loi ne vise en aucun cas à museler les professeurs, comme je l’ai entendu. Il rappelle tout simplement à tous ceux qui ont décidé d’être fonctionnaires les droits et les devoirs afférents, qui ont été définis par des lois précédentes. Il rappelle surtout un principe essentiel sur lequel on ne peut transiger, à savoir le respect de la communauté éducative par les familles.
Autrement dit, non seulement cet article ne crée pas de contrainte nouvelle pour les professeurs, mais il est, au contraire, le fondement juridique d’un respect accru pour cette fonction par le reste de la société. Dans ces conditions, il est étonnant qu’il ait été présenté comme le contraire de ce qu’il est.
Pour prendre un autre exemple, l’article 2 ter du projet de loi ne consiste certainement pas à supprimer la visite médicale à 6 ans ; c’est même tout l’inverse. En cohérence avec l’abaissement de l’âge de l’instruction obligatoire, il avance l’âge de la première visite médicale à 3 ans, offrant ainsi à tous les élèves un parcours de santé entre 0 et 6 ans.
Cet article, comme bien d’autres, fait de ce texte une loi profondément sociale. D’ailleurs, si je ne devais insister que sur un point, ce serait celui-là. Cette loi, qui est une loi pour l’éducation, est d’abord et avant tout une loi profondément sociale. Non seulement elle vise les élèves les plus défavorisés, mais elle crée également les conditions d’une véritable ascension sociale par l’éducation ; j’en donnerai une nouvelle illustration avec l’article 14.
Là encore, avec cet article, il n’a jamais été question d’imaginer que des étudiants, au début de leur parcours, remplacent des professeurs, comme je l’ai souvent lu et entendu ces dernières semaines ; c’est même tout l’inverse. Il s’agit de renouer avec une tradition qui a bien réussi à notre école républicaine.
Pendant de nombreuses décennies, nous avons cherché à encourager et susciter les vocations enseignantes afin que les professeurs soient issus de toutes les classes sociales. Le dispositif de préprofessionnalisation, jadis appelé IPES, est une mesure profondément sociale, qui permettra à des jeunes de vivre leur passion de transmettre.
Ainsi, dès la rentrée prochaine, des étudiants en deuxième année de licence recevront 700 euros par mois, en plus de leur bourse, pour faire de l’aide aux devoirs, pour seconder les professeurs, et certainement pas pour les remplacer. Il s’agit donc, je le répète, d’une mesure profondément sociale, de nature aussi à attirer vers l’éducation nationale plus de vocations, notamment dans les disciplines où nous en avons le plus besoin. Pourquoi ne pouvons-nous pas obtenir l’union de toutes les femmes et de tous les hommes de progrès sur un tel sujet ? Pourquoi entendons-nous des propos faux en la matière, alors que nous renouons avec ce qui fait normalement consensus autour de l’école de la République ?