Intervention de Jean-Michel Blanquer

Réunion du 14 mai 2019 à 21h30
Pour une école de la confiance — Article 1er bis AA

Jean-Michel Blanquer :

Mesdames, messieurs les sénateurs, je veux tout d’abord répondre aux interventions relatives à l’école primaire rurale et à la question des fermetures de classe.

Je partage votre préoccupation et votre volonté de défendre l’école primaire, particulièrement rurale. Comme nous l’avons déjà dit tout au long de l’après-midi, cette discussion devant le Sénat peut être l’occasion de rétablir certaines vérités.

Ce gouvernement est totalement engagé au service de l’école primaire, et le texte que nous examinons en témoigne à plusieurs titres. Il l’est aussi au regard des moyens qu’il consacre. Je le rappelle, rentrée après rentrée, qu’il s’agisse de celles de 2017, de 2018, de 2019 et des suivantes, nous créons des postes à l’école primaire en France. Et cette création de postes nous permet non seulement de dédoubler des classes en REP et en REP+, mais aussi de défendre l’école primaire rurale.

Il n’y a jamais eu aussi peu de classes rurales fermées en France depuis dix ans. Par ailleurs, le Président de la République a annoncé sa décision de ne plus fermer d’école rurale. C’est arrivé peu de fois dans notre histoire. Cela nous renvoie au problème beaucoup plus important – j’ai déjà eu l’occasion de le dire dans cet hémicycle – de la démographie en milieu rural, et plus généralement, de la démographie française, puisque, depuis environ cinq ans, 40 000 à 50 000 enfants manquent chaque année à l’appel, si je puis m’exprimer ainsi. Autrement dit, alors qu’environ 800 000 enfants devraient naître en France chaque année, le nombre de naissances est autour de 750 000. C’est un vrai problème structurel que nous devons prendre en compte, d’autant que ces enfants qui manquent font notamment défaut en milieu rural.

Il y a évidemment des conséquences en chaîne, que nous pouvons essayer de modérer, mais nous ne pouvons pas être aveugles par rapport au phénomène.

La vraie réponse, c’est une stratégie de rebond démographique en milieu rural, et je suis tout prêt à jouer le jeu pour rendre attractive l’école primaire rurale en faisant preuve de volontarisme. Je visite en permanence de telles écoles. Encore tout récemment dans le Pas-de-Calais, j’ai pu voir, tout près de Saint-Omer, un regroupement pédagogique extrêmement attractif, qui est à l’origine d’un rebond démographique.

Cela étant, nous savons bien que les réalités sont différentes d’un endroit à l’autre. La défense de l’école primaire rurale peut passer par différentes stratégies qui doivent être déterminées avec les maires, avec les élus locaux.

Tel est le sens de la politique menée. C’est une politique du dialogue. C’est pourquoi il n’y aura plus d’école primaire fermée sans l’accord du maire. Les consignes données aux inspecteurs de l’éducation nationale sont des consignes de dialogue avec les élus locaux.

Cet après-midi, nous avons beaucoup parlé de confiance et de soupçon. Je suis pour l’école primaire rurale. Nous la défendons.

Le Président de la République l’a dit très clairement lors de sa conférence de presse : des moyens seront accordés à l’école primaire jusqu’au terme du quinquennat. Aussi, je peux affirmer que le taux d’encadrement à l’école primaire va continuer à s’améliorer, rentrée après rentrée, dans chaque département de France, et a fortiori dans les départements ruraux.

Cela étant, nous devons décrire les situations avec honnêteté. À propos des fermetures de classes, je prendrai un exemple simple : pour une année donnée, une première école compte deux classes de 25 élèves chacune, soit 50 élèves en tout ; une seconde école compte quatre classes de 25 élèves, soit un total de 100 élèves. Or, l’année suivante, la première école voit ses effectifs augmenter de 25 élèves, pour atteindre 75 enfants, cependant que la seconde voit les siens diminuer de 25 élèves, pour atteindre, elle aussi, 75 enfants.

Allez-vous garder deux classes dans la première école et quatre dans la seconde, ou bien fermer une classe dans la seconde école pour en ouvrir une dans la première ?

Bien entendu, vous retenez la seconde solution !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion