Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, l’histoire de La Marseillaise est complexe, multiple, polyphonique. Chant de guerre, elle fut aussi un chant révolutionnaire adopté par des peuples qui se réclamaient de « l’étendard sanglant » du premier couplet.
Chacun et chacune se l’approprie selon sa culture personnelle, les circonstances particulières de sa vie ou sa tradition politique.
Personnellement, je ne peux la chanter sans penser à celles et ceux qui l’érigèrent en arme de résistance, sur les Champs-Élysées, le 11 novembre 1940. Dans les rangs de ces résistants de la toute première heure se trouvaient des gaullistes, des communistes, des socialistes, des chrétiens. Plusieurs d’entre eux connurent peu après la déportation et la mort. Ils incarnaient l’esprit de la Résistance et notre attachement collectif à la République, au-delà de nos origines et de nos sensibilités politiques ou philosophiques.
Alors que La Marseillaise est aujourd’hui le plus souvent entendue par les jeunes dans les enceintes sportives, je me demande comment il est possible de restituer, dans une classe, par une simple affiche, toute sa valeur symbolique et sa profondeur historique.
Relisez les programmes : vous constaterez que La Marseillaise et la devise républicaine sont régulièrement enseignées dans plusieurs matières et à plusieurs niveaux. Le corps enseignant n’a pas besoin d’une injonction, d’un affichage obligatoire, pour être pleinement investi dans sa mission d’éducation civique. Il faut lui faire confiance pour trouver les mots et les circonstances les plus appropriés, afin d’évoquer toutes les dimensions de notre hymne républicain.