Intervention de Marie-Noëlle Lienemann

Réunion du 14 mai 2019 à 21h30
Pour une école de la confiance — Articles additionnels après l'article 1er bis A

Photo de Marie-Noëlle LienemannMarie-Noëlle Lienemann :

Il faut faire très attention en utilisant des concepts qui, comme celui du bien, donnent un sentiment d’absolu. En effet, nous savons que le bien est défini de manière pluraliste dans nos sociétés, en fonction des règles de l’État et des engagements philosophiques, religieux et personnels de chacun.

L’école ne doit pas confondre ce qui procède de l’établissement par chacun de ce qui est bien avec ce qui est légal et qu’elle doit apprendre, c’est-à-dire ce qui est interdit et ce qui est permis.

Par ailleurs, l’école doit apprendre les valeurs de la République, ce qui relève plus de l’éthique que de la morale. À cet égard, monsieur le ministre, je trouve très bien que vous ayez ajouté à l’ensemble des connaissances le respect de l’autre. Seulement, le respect de l’autre, ce n’est pas le bien ou le mal : c’est la déclinaison de la fraternité qui figure dans la devise républicaine. Le point d’appui est non pas le bien, mais les valeurs de la République qui se déclinent dans l’action de chacun.

Le bien et le mal, dans le monde contemporain, sont des notions utilisées parfois de manière tout à fait négative. Quand M. Bush parlait de l’axe du bien et de l’axe du mal, cela n’avait pas du tout le même sens, j’espère, que les notions de bien et de mal qu’on voudrait transmettre dans nos écoles.

Nous avons besoin de références intangibles, qui ne puissent pas être détournées de la valeur centrale. L’école doit apprendre à chacun à discerner ce qui procède de sa morale de ce qui relève de la loi et des valeurs de la République qui font société.

Je trouve très dangereux le concept de bien, d’autant que les médias actuels et la manière dont on caricature parfois la pensée réduisent beaucoup l’esprit critique de chaque citoyen et l’inscription de son attitude dans le cadre de nos grandes valeurs. C’est une facilité de dire à quelqu’un : c’est le bien, ou c’est le mal. À l’église, à la mosquée ou ailleurs, les références du bien ne seront pas les mêmes. L’école doit transmettre des valeurs en soi, qui ne puissent pas être interprétées selon les lieux et les périodes !

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