Intervention de Catherine Morin-Desailly

Réunion du 17 mai 2019 à 14h30
Pour une école de la confiance — Article 12 bis

Photo de Catherine Morin-DesaillyCatherine Morin-Desailly :

Cet amendement vise à traduire dans les faits l’une des préconisations du rapport Prendre en main notre destin numérique : l ’ urgence de la formation, que j’ai remis, au nom de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication, au mois de juin 2018.

Nous sommes confrontés à des défis sociaux, comme l’évolution des métiers et des compétences, à des défis stratégiques, notamment celui de la souveraineté numérique appliquée à l’éducation, à des défis démocratiques, en particulier les risques d’aggravation de la manipulation par internet, et à des défis éthiques. Nous constatons un effort louable, gouvernement après gouvernement, mais inachevé pour permettre aux élèves de s’intégrer dans le monde numérique. Le bilan est en demi-teinte.

À mon sens, il est grand temps aujourd’hui de nous attaquer à la racine du problème, que l’on constate dans tous les secteurs de la société : la formation des formateurs. J’ai d’ailleurs adressé un courrier au Président de la République et au Premier ministre pour que la montée en compétence du numérique de tous nos concitoyens fasse l’objet d’une grande cause nationale.

Cet amendement vise à prendre la formation des étudiants et des enseignants, dont nous avons constaté qu’elle était très insuffisante et inadaptée dans les Espé, à bras-le-corps.

Selon moi, la formation doit être articulée autour de trois objectifs prioritaires.

Le premier est celui de la maîtrise des outils et ressources numériques : prise en main, codage, maîtrise des bases algorithmiques et de leur application dans le cadre pédagogique et, plus largement, dans la vie du citoyen, choix des outils.

Le deuxième est celui de la connaissance des cultures numériques et des usages : fonctionnement d’internet, connaissance et compréhension des enjeux liés à l’écosystème numérique, notamment le traitement de l’information, la souveraineté des données, l’empreinte numérique, le cyberharcèlement…

Le troisième est celui de l’usage pédagogique de ces outils et ressources numériques : analyse de pratiques pédagogiques innovantes, intégration des technologies numériques dans les enseignements, notamment pour faciliter l’apprentissage et la scolarité des élèves à besoins particuliers.

Monsieur le ministre, j’ai bien conscience que cela ne résout pas le problème plus global du numérique dans notre administration, notamment celle de l’éducation nationale, même si l’article 16 de la loi du 7 octobre 2016 pour une République numérique a tenté d’y répondre. Nous le voyons, les technologies numériques sont devenues des éléments cruciaux pour le fonctionnement de l’État et l’ensemble des politiques publiques. Mais nous constatons également trop souvent des choix par défaut de solutions commerciales les plus répandues, sans considération de la souveraineté numérique. Ces pratiques ne peuvent pas perdurer. Il faut avoir une certaine exigence dans le choix des solutions techniques adaptées, notamment au cœur de l’éducation nationale.

Je pense donc qu’il faudra prendre en compte la formation de nos administrations dans le futur texte sur la fonction publique. Il faudra probablement introduire des dispositions pour la rendre obligatoire si nous voulons déployer, de manière coordonnée et stratégique, une vraie politique nationale en ce sens.

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