Intervention de François Bonhomme

Réunion du 15 mai 2019 à 14h30
Pour une école de la confiance — Articles additionnels après l'article 1er bis F

Photo de François BonhommeFrançois Bonhomme :

Monsieur le ministre, au risque de détonner avec une forme d’unanimisme que je perçois ici pour faire entrer à l’école tout ce que la société peut avoir dans sa modernité, je crois qu’on devrait, au contraire, se poser deux fois la question de l’opportunité de faire entrer à l’école tout ce qui relève des nouvelles technologies, en l’espèce, le codage informatique.

On aurait fort à gagner en réfléchissant à ce qui se passe en Californie, où même les ingénieurs de Palo Alto et autres inscrivent leurs enfants dans les écoles déconnectées ! C’est un premier point.

Je comprends très bien qu’il soit très difficile de résister à cette injonction moderniste. C’est vrai, nous avons inscrit l’enseignement numérique dans le code de l’éducation en 2011. Ce qui ne suffit d’ailleurs pas pour garantir d’avoir des personnes formées ! Mais la question première, ce n’est pas celle-là. La question première consiste à nous demander si nous voulons vraiment que tous les éléments de la société, dans les diverses dimensions de modernité, entrent à l’école. L’école n’est-elle pas précisément un lieu qui doit rester un peu à l’abri de tout ce mouvement moderne, lequel est, de toute façon, omniprésent ?

À ceux qui veulent « apprendre aux enfants le monde dans lequel ils vivent », je rappelle que le monde dans lequel ils vivent, ils le voient, de toute façon, en dehors de l’école ! Peut-être faudrait-il réfléchir à la notion, réintroduite par un certain nombre de philosophes, soulignant que l’école est un lieu de dépaysement, précisément celui où l’on trouve des choses qu’on ne trouve pas ailleurs et qui sont omniprésentes dans la société.

Nous devrions mieux réfléchir tant sur le plan philosophique que sur les conséquences pratiques d’une inscription du codage informatique dans la loi.

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