Intervention de Antoine Karam

Réunion du 16 mai 2019 à 21h45
Pour une école de la confiance — Article 6 bis

Photo de Antoine KaramAntoine Karam :

L’un de mes amendements ayant été jugé irrecevable, je veux profiter de l’examen de cet article 6 bis, relatif à l’enseignement des langues régionales, pour évoquer la nécessaire prise en compte du plurilinguisme dans les outre-mer.

Depuis 1996, les recommandations de La Haye concernant les droits des minorités nationales à l’éducation préconisent l’emploi de la langue maternelle de l’enfant comme vecteur idéal de l’enseignement au niveau de l’école primaire.

En Guyane, dans la plupart des villages riverains du Maroni, le fleuve frontière avec le Suriname, et de l’Oyapock, le fleuve frontière avec le Brésil, ainsi que sur le littoral, qu’ils soient amérindiens ou bushinengués, c’est-à-dire descendants de noirs marrons, nos enfants n’ont pas le français pour langue maternelle. La reconnaissance de l’identité de ces peuples nous impose le respect et la défense de la spécificité de chacune de leurs langues, qui sont d’ailleurs reconnues comme langues de France.

Dans cet esprit, la loi pour la refondation de l’école de la République a admis la possibilité du recours à ces langues pour l’acquisition du socle commun de connaissances. L’académie de Guyane a ainsi conforté la place de nos langues et de nos cultures, avec l’ambition forte de se doter, à moyen terme, de plusieurs écoles primaires bilingues.

En pratique, des intervenants en langue maternelle, ou ILM, accompagnent au plus près les élèves, constituant ainsi de véritables passerelles entre le français et la langue maternelle ; leur nombre a été porté à quatre-vingts par l’accord de Guyane d’avril 2017.

Nous savons bien que l’échec scolaire de nos enfants est dû, en grande partie, à leurs difficultés à entrer dans les processus d’apprentissage de la lecture et de l’écriture du français. C’est pourquoi, parallèlement à l’abaissement à 3 ans de l’instruction obligatoire, il est indispensable de renforcer la prise en compte du plurilinguisme, pour garantir à ces enfants les mêmes chances de réussite.

Pour atteindre cet objectif, les intervenants en langue maternelle sont précieux, mais ils ne suffisent pas. Il faut également former les enseignants aux enjeux du plurilinguisme et accorder à ce dernier une place toute particulière dans le système éducatif des territoires ultramarins. Il serait temps de faire de cette richesse linguistique ce qu’elle est : un atout inestimable pour les jeunes.

Certains de nos collègues, notamment Mme la présidente de la commission de la culture, se sont rendus en Guyane, en particulier à Saint-Laurent-du-Maroni ; elle peut témoigner de la situation.

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