Les six mois de manifestations des gilets jaunes ont souligné le besoin de s'exprimer de certains Français. Nous sommes tous, sénateurs, issus du terrain, nous avons pour la plupart été élus de terrain. Notre expérience locale nous montre qu'il est extrêmement difficile de maintenir l'attention de nos compatriotes. Quand on organise des réunions de quartier, en tant qu'élu local, au début l'enthousiasme est général, les administrés sont nombreux. Petit à petit, chacun découvre que la fonction d'élu implique de la disponibilité et une vraie vocation, pas forcément compatible avec d'autres centres d'intérêt. Il est difficile de maintenir durablement la représentativité de ces conseils de quartier car l'engagement citoyen se dissout. C'est un peu une mode en France de réclamer la parole mais quand on la laisse durablement aux citoyens, s'instaure une forme de lassitude. Le président de la commission des lois l'a souligné, les Français sont habitués à déléguer, quelque part c'est confortable pour eux, et après ils se mettent à critiquer.
Il existe des rapports précis, des spécialistes nombreux ; finalement sur chaque sujet on est déjà en mesure d'identifier les problèmes. La nécessité d'une baisse de la CSG pour les retraités était par exemple identifiée bien en amont. Ce qui est important, c'est la pédagogie sur les solutions proposées par les élus et l'un des rôles du CESE pourrait être une forme de pédagogie à l'attention des citoyens sur les difficultés inhérentes à la fonction d'élu. On ne balaye pas d'un seul coup la démocratie représentative et l'implication des élus, on ne devient pas élu de la Nation du jour au lendemain, cela suppose d'avoir consacré ses soirs et ses week-ends aux autres pendant des années. Des décennies au contact de la population, ça ne s'invente pas.