Fondamentalement, l'économie numérique semble marquée par une double perversité.
Premièrement, personne ne paye - du moins apparemment - et l'absence de paiement entraîne des addictions extraordinairement fortes, lesquelles contrebattent les volontés politiques nationales ou européennes. La vente de données semble donc, pour l'heure, inévitable.
Deuxièmement, le financement par les marchés est ambigu. Les investisseurs européens veulent avant tout recevoir des dividendes ; mais, dans le monde anglo-saxon et dans les pays de la zone Pacifique, l'on privilégie la montée en puissance de l'entreprise, l'on garde l'oeil rivé sur les parts de marché, et peu importe si, dans un premier temps, l'on perd de l'argent.
Pour un Français, une entreprise comme Amazon est donc doublement curieuse. D'une part, elle a court-circuité toutes les législations nationales relatives à la distribution commerciale, notamment la loi Royer. D'autre part, elle a longtemps accepté de perdre de l'argent pour déployer son modèle économique.