Je ne suis pas totalement d'accord. Les exemples de la période récente ont montré que les actions menées pour influencer les processus électoraux conduisaient toujours à polariser les opinions pour mener à la prise de pouvoir de partis extrêmes. La reprise en main à laquelle nous assistons en Chine se fait grâce aux entreprises. Internet, dans ses premières décennies d'existence, s'est développé comme une plateforme d'innovation. On a alors vu des géants venir le cartelliser, avec, aujourd'hui, une quasi-concurrence avec les pouvoirs étatiques traditionnels. Est-ce qu'on pourrait assister à une reprise en main par des sociétés qui deviendraient des substituts des États ? Ce n'est pas une perspective impossible. Le premier métier de Palantir, c'est la prédiction en matière de terrorisme. Faire appel à eux revient à déléguer une partie de nos fonctions stratégiques à une entreprise étrangère. Depuis, la France a souhaité se rapprocher de l'Allemagne pour créer une alternative franco-allemande à Palantir, mais ce n'est pas encore fait. Le risque de voir ces entreprises battre monnaie n'est pas non plus nul. Tout n'est pas encore joué, cependant, sur ces liens et ces confrontations entre entreprises technologiques et États. Pour l'instant, il y a une sorte de méfiance réciproque et d'autocontrôle réciproque. Il y avait une grande porosité, sous la présidence Obama, entre l'administration présidentielle et les cadres des grandes entreprises du numérique.