Je souhaite apporter des précisions sur la philosophie de l’article 2.
Le troisième cycle des études de médecine permet aux étudiants qui ont validé leur deuxième cycle de se présenter aux épreuves classantes nationales et d’acquérir une spécialisation.
La récente réforme menée par Mme Touraine a entraîné une multiplicité des spécialités et une filiarisation des études médicales dès le troisième cycle. Cela fait évidemment partie des sujets sur lesquels nous travaillons.
Monsieur Jomier, vous avez raison, la question des hiérarchies explicites ou implicites constitue un vrai sujet, le classement national ayant d’une certaine manière pour effet de hiérarchiser les spécialités. Cela explique que les étudiants préfèrent accepter un internat prestigieux au lieu de se demander de quoi ils ont réellement envie. Cette logique doit être modifiée.
Les nouveaux examens comprendront trois parties qui nous paraissent essentielles : un contrôle des connaissances et des compétences médicales de base, à travers des épreuves nationales ; des mises en situation, car les internes ont l’impression de passer leur deuxième cycle à préparer les ECN et ont beaucoup de mal à acquérir des compétences ou des aptitudes spécifiques au moyen de mises en situation, y compris par simulation – les gestes ne sont jamais réalisés la première fois sur le patient – ; enfin, la valorisation des choix effectués lors du deuxième cycle sera différente selon les spécialités. C’est bien la construction d’un projet professionnel qui doit se poursuivre tout au long des études.
Les stages, qui permettent une mise en situation, sont essentiels, bien sûr, mais nous sommes aussi responsables de leur qualité. Nous devons nous assurer de la capacité des maîtres formateurs et des hôpitaux à accueillir les étudiants pour leur transmettre les compétences et les connaissances nécessaires à l’exercice de leur métier.
Nous devrons être collectivement très vigilants pour que l’on ne puisse pas nous reprocher dans quelques années d’avoir réglé la question des territoires sous-dotés en y affectant des médecins qui ne sont pas complètement formés. Personne ne souhaite tomber dans cette contradiction, j’en suis certaine.
Monsieur Piednoir, vous avez évoqué la question des instances disciplinaires. C’est un sujet dont j’ai décidé de m’emparer de façon générale. Les instances disciplinaires des PU-PH sont effectivement différentes de celles des professeurs d’université qui ne sont pas en même temps praticiens hospitaliers.
Pour les PU-PH, les affaires sont systématiquement dépaysées, de manière à éviter les influences locales, et les commissions sont présidées par des magistrats. Le système est totalement différent pour les professeurs d’université, où une commission disciplinaire d’établissement statue en première instance, avec un appel possible auprès d’une instance nationale spécifique. Le dépaysement intervient donc dans un second temps.
Aucun des deux systèmes n’est vraiment opérationnel, car, dans le cas des violences sexistes et sexuelles, nos collègues, qu’ils siègent dans des instances nationales particulières ou dans des commissions disciplinaires locales, ne sont ni formés ni équipés administrativement et juridiquement pour gérer ce genre de situations.
Ces situations ne sont pas récentes, au demeurant, mais elles ont commencé à être ébruitées dès lors que nous avons mis en place des cellules d’écoute. Nous avons demandé au docteur Donata Marra de poser les bases d’une réflexion sur un observatoire et un service d’accueil spécifiquement destinés aux internes, aux stagiaires et aux étudiants en médecine, en tenant compte de la pression à laquelle sont confrontés des étudiants qui sont régulièrement confrontés à la mort.
Nous devons donc reposer globalement la question disciplinaire liée aux violences sexistes et sexuelles au sein des universités, aucun des deux systèmes qui cohabitent actuellement ne donnant satisfaction. Nous allons ouvrir ce débat et nous aurons l’occasion d’en reparler en d’autres circonstances.