Intervention de Laurence Cohen

Réunion du 5 juin 2019 à 21h30
Organisation et transformation du système de santé — Article 8

Photo de Laurence CohenLaurence Cohen :

La nouvelle définition retenue par le Gouvernement va transformer les hôpitaux de proximité en véritables coquilles vides. Ils exerceront exclusivement une activité de médecine ou de soins de suite et de réadaptation. Leur rôle consistera essentiellement à réorienter les patients vers des hôpitaux de niveau 2 ou 3, en fonction de la gravité des maladies et de la spécificité des traitements.

Nous aurons ainsi des hôpitaux de seconde zone dans les territoires ruraux et périurbains et des services spécialisés et de pointe dans les métropoles et les grands pôles urbains.

J’attire l’attention de mes collègues qui sont très sensibles à l’installation de jeunes médecins en libéral dans les zones sous-denses – ils étaient très nombreux hier, mais beaucoup ne sont pas présents ce soir… Pensez-vous vraiment, mes chers collègues, que ces hôpitaux dits de proximité, qui seront sans spécialités, permettront d’attirer les jeunes médecins ? Pensez-vous vraiment que de tels établissements encourageront d’autres jeunes médecins à s’installer dans des cabinets libéraux ? Je ne le pense pas !

Depuis près de trente ans, les politiques successives ont affaibli ce qui constitue la colonne vertébrale de notre système public de santé : l’hôpital public. Nous avons vécu une succession de fermetures d’établissements, parmi lesquels de nombreuses maternités, souvent sous le prétexte de l’impossibilité d’assurer la sécurité des patientes.

Aujourd’hui, c’est au nom de la pénurie médicale, qui est notamment le résultat de la mise en place d’un numerus clausus mortifère, que vous créez ces hôpitaux de proximité.

Le maillage d’hôpitaux de proximité doit être totalement différent : il doit évidemment être maintenu, mais il doit même être développé, en s’inscrivant dans une politique d’aménagement du territoire.

Nous portons avec force une autre conception de l’hôpital de proximité, qui doit être un établissement doté d’un service d’urgences, d’une maternité de niveau 1 et de services de médecine et de chirurgie – à l’heure où vous prônez l’ambulatoire, il revient peut-être au chirurgien de se déplacer, et non pas aux établissements de fermer… Ces établissements doivent aussi être dotés de services de soins de suite et de structures pour les personnes âgées et être en lien avec un réseau de centres de santé et la psychiatrie de secteur.

Pour toutes ces raisons, nous demandons la suppression de cet article.

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