La question est complexe. Selon les observateurs du terrain, notamment le Planning familial, il manque deux semaines compte tenu des contraintes d'accès à l'IVG en France. J'ai assisté tout récemment à une réunion internationale, en Islande, sur l'IVG, organisée à l'initiative d'ONG engagées dans ces questions. Tous les pays européens y étaient représentés. On pouvait constater à cette occasion que, mis à part quelques exceptions, le droit à l'IVG est plutôt en progrès. En Islande, après débat, le délai légal a été fixé à vingt-deux semaines. En Suède, il est de seize semaines. On compte toujours environ 3 000 - 5 000 femmes qui sont obligées de partir à l'étranger car elles ont dépassé les délais légaux prévus par la loi française. À mon sens, il est irresponsable de continuer à compter sur les pays voisins pour permettre à ces femmes d'interrompre une grossesse. Nous dépendons ainsi des autres pays, où des reculs législatifs sont toujours possibles.
Je voudrais ajouter que la loi du Québec ne prévoit pas de délai, mais l'on s'aperçoit que les IVG y sont pratiquées dans les mêmes délais que dans les pays où la loi prévoit de telles limites. Que l'on arrête de prendre les femmes pour des irresponsables ou des criminelles !
Nous devons aussi être conscientes de l'expansion d'applications destinées à permettre aux femmes de gérer leur contraception de manière naturelle. C'est un retour en arrière ! La femme saisit la date de ses règles et l'appli lui indique quand elle est féconde ou pas. Les « bébés Ogino » peuvent en témoigner : cette méthode est plus efficace pour avoir un enfant que pour éviter une grossesse ! Contrairement à ce que prétendent les messages publicitaires, il ne s'agit pas de contraception.