Nous poursuivons nos travaux avec l'audition de M. Éric Leandri.
Conformément à la procédure applicable aux commissions d'enquête, M. Léandri prête serment.
Monsieur Léandri, vous êtes le fondateur et l'actuel président de Qwant, entreprise à capitaux franco-allemands que vous avez créée en 2013. Son activité principale consiste à fournir un moteur de recherche qui se distingue de Google par la protection de la vie privée de ses utilisateurs. Il se rapproche sur ce segment du méta-moteur de recherche américain Duck-Duck-Go.
Votre entreprise a réalisé un chiffre d'affaires de 5 millions d'euros en 2018 et compte 160 salariés. Son activité est en croissance. En avril 2019, votre moteur de recherche aurait traité 100 millions de requêtes contre 18 millions en avril 2018. Les chiffres grimpent de mois en mois. Mais le chemin reste long comparativement à Google, par exemple, qui dispose de 95 % des parts de marché si mes informations sont bonnes.
Vous avez fait le pari ambitieux de concurrencer l'un des principaux géants du numérique américain. Cela intéresse notre commission d'enquête, car nous devons nous interroger sur les voies et moyens de faire émerger les fameux géants européens du numérique que certains attendent parfois comme une sorte de Messie.
Vous bénéficiez du soutien financier de la Caisse des dépôts, qui détient 20 % de votre capital, soit autant que le groupe allemand Axel Springer. Estimez-vous que les écosystèmes français et européen sont suffisamment favorables à l'émergence de tels champions ?
Aujourd'hui, les critiques et les amendes pleuvent sur certains géants américains du numérique en raison de leurs pratiques anticoncurrentielles. En avez-vous été victime vous-même ?
Enfin, comment appréhendez-vous la notion de souveraineté numérique, qui est au coeur de l'objet de notre commission d'enquête ? Estimez-vous que votre entreprise peut aider la France et l'Europe à conquérir cette souveraineté dans le cyberespace ?