Intervention de Laurent Duplomb

Commission des affaires économiques — Réunion du 26 juin 2019 à 9h00
Table ronde sur la refonte du dispositif public d'appui au commerce extérieur

Photo de Laurent DuplombLaurent Duplomb :

Le groupe d'études « Agriculture et alimentation » vient de publier un rapport. Il ne partage pas tout à fait votre optimisme. L'agriculture et l'agroalimentaire certes constituent le troisième excédent commercial français. Celui-ci a été divisé par deux en cinq ans. Nous sommes le seul pays au monde à avoir perdu de façon aussi importante des parts de marché au niveau mondial depuis dix ans. Nos concurrents, qu'ils soient mondiaux ou européens, sont de plus en plus importants. Qui aurait pu penser que la France agricole d'aujourd'hui puisse consommer et faire consommer aux Français plus d'un jour par semaine des produits importés ? Qui aurait surtout pu penser qu'à travers ce jour et demi par semaine de produits importés, un quart de ceux-ci ne respectent pas nos normes ? L'OCDE le dit clairement. Nous sommes le pays au monde qui impose le plus de normes environnementales. Lorsque vous nous parlez d'optimisme sur les gains permettant de corriger les écarts de compétitivité, je tiens à rappeler que 70 % de la différence de compétitivité avec nos voisins est due en premier lieu au coût de la main d'oeuvre - 1,5 fois plus élevé qu'en Allemagne, 1,7 fois plus élevé qu'en Espagne, près de deux fois plus élevé qu'en Pologne pour les produits agroalimentaires. Les charges sont plus élevées chez nous qu'ailleurs. Entre 2016 et 2019, la France a vu augmenter ses charges de 4 à 7 % auxquelles s'ajoutent les contraintes imposées par la loi EGALIM non intégrées dans cette augmentation.

Toutes nos industries agroalimentaires subissent depuis des années des contraintes économiques liées notamment à une pression infernale de la grande distribution. Aujourd'hui, il n'y a plus aucune capacité d'investissement, à la différence de nos concurrents. Tout cela me conduit un peu plus, malheureusement, à avoir une vision pessimiste de l'avenir. Ce rapport indique que le commerce extérieur de la France deviendrait déficitaire pour les produits agroalimentaires en 2023. Qui aurait pu penser que la France agricole puisse en 2023 acheter plus que ce qu'elle n'exporte ?

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