Oui, monsieur Karam, les suicides d’Amérindiens dans les communes reculées de Guyane sont vingt-cinq fois plus nombreux que dans l’Hexagone.
Il s’agit d’un véritable drame. Avec mon collègue Jean-Michel Blanquer, j’ai décidé l’envoi, sans délai, d’une mission d’inspection, accompagnée d’un psychologue, pour identifier les dysfonctionnements et y remédier, notamment dans ce collège, et accompagner la communauté éducative, qui en a grand besoin.
Depuis deux ans, l’État a envoyé des équipes spécialisées pour renforcer le pôle santé dédié à ces questions. Par ailleurs, au début de 2019, le rectorat a mis en place une cellule d’écoute qui a également été renforcée. Les moyens humains sont donc là.
Comme vous le savez, les changements sociétaux qui bouleversent profondément et très rapidement la société amérindienne sont très certainement à l’origine d’une partie de ces gestes de désespoir.
En ce qui concerne la convention 169 de l’Organisation internationale du travail, vous savez que notre droit national fait obstacle à la reconnaissance de droits particuliers à des groupes spécifiques.
Pour autant, la France applique largement les grands principes de cette convention. Dans le cadre du plan d’urgence Guyane, le Gouvernement s’est engagé à transférer 400 000 hectares de foncier en faveur des populations amérindiennes.
Je veux que l’on puisse rapidement, avec les peuples autochtones et la collectivité, mettre ces transferts en place, notamment via la création d’un établissement public dédié.
La question amérindienne fait pleinement partie de l’identité guyanaise. La France compte deux peuples premiers et doit en être fière. Nous devons nous impliquer à leurs côtés, tenir compte de leurs spécificités et comprendre leur besoin d’accompagnement.