Nos relations avec les rédactions nationales sont toujours très compliquées. Est-ce de notre faute et une incapacité de notre part à nous imposer ou est-ce dû à une incompréhension des autres rédactions qui n'ont pas compris qu'il y avait des relais intéressants dans les différentes zones ? Il faudra mettre cette question sur la table.
J'ai toujours milité pour des « pôles d'excellence » de France Télévisions dans les différentes régions du monde où sont les stations La 1ère. S'il se passe quelque chose à La Réunion ou Maurice, nous serons toujours les premiers sur place, avant France 2 et France 3 ; il faut que demain ces chaînes travaillent davantage avec nous. Ce n'est pas encore tout à fait le cas, nous sommes mis de côté quand ils arrivent lors d'une actualité. Le travail conjoint n'est pas encore la norme avec les autres chaînes de France Télévisions mais tout ceci est en train de changer : il y a une volonté de travailler davantage ensemble. Nous n'avons pas encore trouvé le bon rapport avec le national, entre ce que nous pouvons apporter et ce que l'on nous demande : nous pouvons encore offrir davantage.
Concernant France info, cette collaboration passe par le canal de Malakoff. Il y a des commandes régulières, mais nos propositions sont aussi retenues : quand il y a une actualité dans notre zone, nous la proposons immédiatement à Malakoff pour que celle-ci soit relayée à France info. Cela se fait de plus en plus. C'est aussi une question de relations humaines, de liens de proximité entre les uns et les autres. Paris restera Paris... J'y ai vécu treize ans et ai été six ans médiateur de France Télévisions. Sans vouloir blesser quiconque, je connais le regard condescendant porté à l'outre-mer, alors même qu'il y a autant de bons professionnels ici qu'à France 2 et France 3.
Il y a une question de volonté de travailler ensemble mais aussi une question de confiance. Il est possible pour France 2 et France 3 de sélectionner des collaborateurs « privilégiés » dans les chaînes La 1ère. Ceux-ci pourraient être sélectionnés pour correspondre à l'écriture nationale pratiquée dans les rédactions. C'est un travail que Wallès Kotra, directeur exécutif en charge de l'outre-mer a engagé avec Yannick Letranchant, directeur exécutif en charge de l'information de France Télévisions : nous sommes au début de quelque chose.
Concernant nos relations avec France Ô, il faut dire que celles-ci ont souvent été compliquées. Si aujourd'hui il n'y a pas autant de mobilisation dans les stations d'outre-mer pour sauver France Ô, cela s'explique par le comportement de France Ô vis-à-vis des stations. Quand RFO Sat a été créée par Jean-Marie Cavada, il s'agissait de faire une chaîne sur le satellite pour afficher les programmes d'outre-mer : il s'agissait de faire la continuité territoriale « à l'envers » et faire remonter les meilleurs programmes des outre-mer.
RFO Sat est devenue France Ô qui, malheureusement, a été ballotée et a changé d'identité par les décisions successives des tutelles. Chaîne de l'outre-mer, son cahier des charges a changé et elle est devenue celle de la diversité ou, à la suite des émeutes de 2005, une chaîne des banlieues. Elle a perdu son identité et au fil du temps est devenue une chaîne sans âme, contraire à son ADN initial. Il y a aussi eu des moments économiquement compliqués pour les stations régionales avec l'impression dans le même temps que la situation était beaucoup plus facile financièrement pour France Ô : cela a suscité un rejet de France Ô et du ressentiment de la part des stations régionales. Ce souvenir perdure de France Ô aux poches pleines quand les stations outre-mer étaient à la peine. Dès lors, la relation n'a pas été amicale entre France Ô et les stations. Depuis l'arrivée de Wallès Kotra, on constate un repositionnement de France Ô comme réelle chaîne de l'outre-mer : nous avons des relations saines et entretenons un vrai dialogue. France Ô ne décide aujourd'hui de rien sans l'association immédiate des chaînes La 1ère, rien n'est acheté pour France Ô sans être mis en avant-première au service des stations et France Ô reprend des contenus proposés par les chaînes La 1ère, ce qui n'était pas le cas auparavant.