Nous n'avons eu aucune promesse. On nous a indiqué que France Ô allait disparaître. France Ô est pour nous un allié, il nous arrive de coproduire des choses ensemble. Sur notre antenne, au moins trois émissions existent grâce au soutien et à l'apport de France Ô : « De l'or sous la tôle » par exemple, sur la remise en état des cases créoles, morceaux de patrimoine de La Réunion, ou encore « L'amour lé dou », émission très populaire ici. C'est le cas aussi des Jeux des îles de l'océan Indien, que nous préparons en étroite collaboration avec France Ô car les magazines que nous ferons seront repris sur France Ô en juillet et août.
Il y a en effet une grande inquiétude quant à une possible perte de financement. Vous évoquez un transfert financier vers les chaînes La 1ère : je n'y crois pas vraiment, cela ne se fait en général pas. De plus, la plateforme annoncée va demander des investissements.
Je suis un employé du groupe France Télévisions, homme du service public ; j'ai à ce titre un devoir de réserve, mais je suis aussi un ultramarin. En tant qu'ultramarin, je suis très malheureux, très déçu par la disparition de France Ô. France Ô était une belle histoire, une belle chaîne, un beau produit. On nous parle de 0,8 % d'audience, mais d'autres existent avec ce score ! Le coût de cette chaîne est, de surcroît, très mesuré. Cette chaîne apportait quelque chose aux ultramarins de l'hexagone ; le choix aurait pu être fait de la repenser, tout est perfectible. On aurait pu réfléchir collectivement, mais la décision a été prise. En tant qu'ultramarin, c'est un grand regret. J'ai travaillé pour cette chaîne, pour aider à ce que les outre-mer n'apparaissent pas seulement sur les écrans lors de crises : nous avons animé, avec Luc Laventure, patron de France Ô, durant treize ans l'émission « Dix minutes pour le dire ». Cette émission est partie du constat que l'on ne parlait de nous qu'en cas de cyclone ou de crise sociale ; elle a montré, s'il le fallait, qu'il y a matière à donner la parole aux ultramarins de l'hexagone, à Paris, de passage ou même à l'étranger.
On nous promet d'être plus présent sur France 2 et France 3 : le dire est une chose, mais il faut désormais le faire. Il faut des engagements fermes. Je n'aime pas le terme de « quotas », mais il faut des engagements. Il faut des ultramarins dans les décideurs finaux, il faut que nous soyons autour de la table.