Intervention de Aurélie Gal- Régniez

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 20 juin 2019 : 1ère réunion
Les enjeux du prochain g7 : quelle dynamique mondiale en faveur de l'égalité femmes-hommes et des droits des femmes et des filles

Aurélie Gal- Régniez, directrice d'Equipop :

Il nous paraît important de dialoguer avec vous sur l'enjeu majeur de l'inscription de l'égalité femmes-hommes dans l'agenda du G7, qui a suscité beaucoup d'espoir l'année dernière. Plusieurs associations françaises ont décidé de prendre le relais de l'initiative canadienne. Dès octobre 2018, nous avons lancé un appel pour que les parties prenantes de la société civile rejoignent le mouvement afin de peser sur les décisions politiques. Une centaine d'associations - françaises, canadiennes, américaines, africaines - nous ont rejoints.

Le sommet du W7 qui a eu lieu en mai dernier à Paris a réuni 400 personnes pour préciser leur vision commune des politiques féministes et remettre des recommandations aux ministres de l'égalité femmes-hommes des pays du G7.

Le sommet du G7 a certes été un moment important, mais le W7 poursuit un travail de longue haleine visant à participer à tous les espaces politiques en vue de proposer des recommandations communes en faveur de l'égalité femmes-hommes. Ce travail de coordination vient s'ajouter à celui du militantisme au quotidien, ce qui témoigne de leur volonté de rendre le G7 réellement féministe. Nous avons lancé une campagne pour que l'importance des politiques féministes soit perçue au-delà des seuls activistes.

Aucun pays ne peut aujourd'hui se targuer d'avoir atteint l'égalité femmes-hommes : il est temps de passer aux actes, et un sentiment d'urgence salutaire gagne les citoyens. Par ailleurs, nous sommes convaincus que les perspectives féministes peuvent renouveler le regard au moment où il est urgent de trouver des alternatives politiques. Pour que le G7 de Biarritz soit vraiment féministe, au-delà du conseil consultatif renouvelé, et insuffle de l'égalité femmes-hommes au coeur de l'agenda, il faut allouer des ressources massives en direction des mouvements féministes. Les lois sont nécessaires. Cependant, pour contrer sur le terrain les normes sociales qui empêchent les filles d'aller à l'école, nourrissent les violences sexistes, s'opposent aux innovations en faveur de l'environnement, d'économies plus inclusives, les mouvements féministes sont des alliés qui se battent dans un environnement précaire. Il faut redistribuer les ressources pour que ceux-ci contribuent activement à la co-construction des politiques publiques et à la mise en oeuvre des solutions.

Ensuite, il est urgent que les politiques publiques prennent en compte la diversité des besoins et des intérêts à égale mesure. Le système démocratique ne peut tolérer qu'une partie de la population, en l'occurrence les femmes, participe moins à la prise de décision et à la définition du sens commun. Des lieux comme le G7 peuvent faire la différence en ouvrant leur porte à une gouvernance plus démocratique. Pour poser des jalons en ce sens, il faut que toutes les personnes convaincues du bien-fondé de faire avancer les droits des femmes se serrent les coudes : dans la société civile, au Parlement, au niveau exécutif.

Au niveau du G7, à l'instar de l'éducation et de l'environnement, il faudrait que des représentantes du W7 participent à la ministérielle finance : il ne faut pas se priver des regards féministes sur l'économie, les finances, la sécurité. Il nous importe également qu'une représentante du W7 puisse échanger avec les chefs d'État. Ce serait symboliquement important. Or les signes que nous adressent les autorités ne sont guère rassurants. Nous avons interpellé le Chef de l'État sur ce point.

Nous espérons que le sommet de Biarritz aboutira à des annonces de financement. La France s'est engagée à allouer 120 millions d'euros aux associations féministes, mais nous n'en connaissons pas les modalités d'octroi. La volonté politique est présente, mais il subsiste des blocages à tous les niveaux. Une diplomatie féministe doit prendre corps dans le cadre de la loi d'orientation et de programmation relative à la politique de développement et de solidarité internationale.

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