France Ô mène une politique événementielle volontariste marquée par une programmation dédiée aux événements de l'agenda des outre-mer : FIFO, nouvel an chinois, carnavals, abolition de l'esclavage, Heiva, Dipavali, Tours cyclistes, Foire de Bourail... Nous sommes le premier diffuseur de spectacles vivants et de programmes musicaux et le 2e diffuseur de documentaires de France Télévisions. Les documentaires représentent un enjeu de visibilité et de mémoire des outre-mer ; ils sont réalisés par des équipes qui connaissent leurs territoires ; ils constituent une forme de bibliothèque extraordinaire, d'INA des outre-mer. Si vous enlevez la production des documentaires du pôle outre-mer - produits soit par France Ô, soit par les chaînes La 1ère, soit par l'ensemble -, vous perdez la possibilité d'accroître la richesse de nos bibliothèques.
Il y a deux visibilités : celle de produire et de mettre sur les antennes nationales des sujets sur l'outre-mer et celle des équipes. Cela concerne aussi bien la production de documentaires que l'information. Je voudrais vous citer l'exemple du Grand oral de France 2, une nouvelle émission qui est une forme de concours d'éloquence. France Télévisions, à notre initiative, a décidé qu'il y aurait un - en l'occurrence, c'est une femme qui a été sélectionnée - candidat ultramarin parmi les 10 candidats sélectionnés. Ce qui semble simple à définir est en réalité extrêmement complexe à mettre en oeuvre. Les chaînes La 1ère ont fait des sélections mais, rien qu'en production, le tournage des portraits des personnes retenues coûte beaucoup plus cher que celui d'un candidat métropolitain. Nous avons fait travailler la production locale, ce qui est un avantage pour les producteurs d'outre-mer. La visibilité des outre-mer est multiple : elle inclut ce que font nos équipes et ce que font les producteurs dans les territoires.
Je voudrais également attirer votre attention sur le concours de chant Zik Truck, avec des hommes et de femmes qui ont candidaté et des stations La 1ère ont organisé ces événements. France Ô portait ce programme, avec une finale à Paris retransmise sur France Ô et les chaînes La 1ère. Au moment où le linéaire de France Ô s'arrêtera, quelle part du budget des programmes investis dans France Ô tous les ans restera au service de la visibilité des outre-mer sur les antennes de France télévisions, qu'elles soient numériques ou linéaires, en soutien massif aux chaînes La 1ère ? Ce concours est symbolique de ce que peut être la force du pôle outre-mer. Il faudra que nous gardions sur le numérique un certain nombre d'investissements bénéficiant à la fois, comme le fait France Ô, à la visibilité des outre-mer, aux chaînes La 1ère et au travail de nos équipes.
Il est compliqué d'afficher des quotas et je n'apprécie pas ce concept qui serait extrêmement dommageable. En revanche, lors de la transformation de France Télévisions, il faudra faire en sorte qu'il n'y ait pas que des Bretons, des Strasbourgeois..., mais également des Guyanais, des Réunionnais... dans les équipes qui pensent les programmes. Il faudra intégrer une partie du travail de nos équipes dans les autres chaînes du groupe et dans les rédactions. Il faudra bien prendre en compte la visibilité des programmes et celles des équipes. C'est l'un des aspects positifs de la réforme. Un exemple : un club de Martinique a brillé dans les éliminatoires de la coupe de France de football, mais son match n'a pas été retransmis pour une raison très simple : au sein de la conférence de rédaction, au moment de la sélection des matchs retransmis sur un multiplay, personne n'a songé à cette équipe ! Personne n'a imaginé que nous allions donner le match à Eurosport, distribué par Canal+, nous interdisant une diffusion par Martinique La 1ère. La visibilité des programmes est bien un travail à mener en permanence, avec des équipes « multiculturelles » ou géographiques.