Plus largement, au-delà de l'information, il y a une volonté d'avoir une présence plus large des sujets ultramarins dans l'ensemble de nos programmes. On s'est engagé à proposer une première partie de soirée ultramarine par mois sur France 2, France 3 ou France 5. Pourquoi une première partie de soirée ? Parce que c'est le temps fort, le moment où il y a le plus d'audience sur nos chaînes. Sur des genres très différents les uns des autres : pas seulement des magazines - vous faisiez référence aux cartes postales : il ne s'agit pas de cela -, des fictions, des documentaires historiques, tous les genres que nous exploitons couramment sur nos antennes.
Nous avons également commencé à travailler sur une semaine des outre-mer en se disant que cela pouvait nous permettre, en mobilisant toutes nos émissions de toutes nos chaînes, de susciter une prise de conscience de l'ensemble de nos équipes rédactionnelles - je prends au hasard « C dans l'Air » sur France 5, le « 13 h » sur France 2. C'est une manière de mobiliser à l'intérieur de la maison pour acquérir un traitement « normalisé » des outre-mer, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Il y a déjà eu des réunions avec le directeur des programmes, Takis Candilis, pour programmer cette semaine avant la trêve estivale, vraisemblablement en juin.
Nous sommes en train de refondre complètement l'organisation des programmes - nous avions une organisation par chaîne et des coordinations pour s'harmoniser - en suivant l'organisation qui est de plus en plus adoptée par les services publics en Europe, de la BBC et des services publics du nord de l'Europe. Nous avons ainsi décidé de nous organiser plutôt par genres - documentaires, fictions... - et d'avoir une direction des antennes qui répartit et programme au mieux sur les différentes antennes. C'est une réorganisation très importante qui change les habitudes de tout le monde. Pour ne pas perdre cette volonté d'avoir beaucoup plus de sujets ultramarins sur différents genres et les différentes antennes, nous avons créé à partir des équipes de Malakoff, à la suggestion de Wallès Kotra, une direction des programmes ultramarins pour avoir toujours cette vigie qui nous interpelle. Cette direction sera présente dans tous les comités décisionnels au jour le jour.
Il y a enfin la représentation des outre-mer dans nos projets, documentaires ou créations et, à ce titre, un travail à faire avec nos partenaires producteurs.
J'en viens, pour finir, à la transformation numérique de l'offre outre-mer. Nous avons déjà une application qui fonctionne plutôt bien - on peut choisir son territoire, regarder les chaînes en direct sous réserve du fameux écran noir faute de droits de diffusion... - Mais nous pensons qu'il faut améliorer l'ergonomie, comme globalement l'ergonomie de toutes nos applications. Il faut surtout permettre par exemple, à partir de France.tv, d'accéder aux programmes ultramarins - ce qui n'est pas le cas aujourd'hui - tout en ayant une identité et une cohérence plus forte sur nos différents sites propriétaires, que ceux-ci soient accessibles depuis un mobile, un ordinateur ou une télévision, et que l'on puisse retrouver l'ensemble des créations ultramarines, des magazines ou journaux d'information. C'est un travail important qui n'est pas propre aux outre-mer, qui est cohérent avec l'ensemble du travail que nous avons à réaliser sur le numérique sur l'ensemble de notre offre, mais qui trouve une attention particulière sur la jeunesse et les outre-mer.
Il faut également - c'est une demande qui revient très fortement de la part de nos concitoyens de manière très générale - que nous réfléchissions à la manière dont nos concitoyens arrivent à interagir avec nous. Il y a une demande d'interactivité croissante, cela ne vous étonnera pas dans le contexte social actuel. Aujourd'hui, avec l'application ultramarine sur notre smartphone, on ne peut pas interagir, ni avec les journalistes ni avec les gens qui s'occupent des programmes. Nous avons aussi à inventer cela. Nous l'avons expérimenté sur France info, cela fonctionne extrêmement bien ; il faut que l'on définisse aussi ce type de conversations sur le site ultramarin.
Ce travail, nous voulons le mener à bien avec l'ensemble de nos équipes. Les personnels aimeraient qu'on leur dise où nous en serons exactement dans 1, 2 ou 4 ans et, en même temps, veulent participer - cela peut paraître contradictoire mais se comprend très bien humainement. C'est très important de les impliquer, en particulier les équipes de Malakoff qui travaillent sur ces sujets depuis longtemps et figurent parmi nos experts parisiens, pour construire avec eux ce nouveau site ultramarin et définir quels genres, quels grands événements devront être traités sur nos antennes traditionnelles. Il faut construire ensemble ce nouveau projet pour une offre numérique qui sera lancée avant la fin de l'année.
En matière d'attractivité, il faut penser, au-delà de l'entreprise même, à l'écosystème qui vit en lien avec France Télévisions, à savoir la production. Nous nous sommes engagés à maintenir un cofinancement à hauteur de 10 millions d'euros dédiés à des productions France Ô - les chaînes La 1ère ou antennes nationales - les chaînes La 1ère, c'est-à-dire dévolus à des productions locales avec des producteurs ultramarins. Nous allons renouveler la production d'un feuilleton ultramarin qui sera tourné en Nouvelle-Calédonie à partir de mars 2019. Il faut aussi que nous améliorions la qualité de diffusion des chaînes La 1ère, que nous allons passer en haute définition à partir de 2020 grâce aux fréquences libérées par France Ô et France 4.
Pour finir, un sujet important soulevé par les stations est qu'une des concurrences subies localement est celle de France 4, regardée par beaucoup d'enfants ultramarins. La fin de la diffusion hertzienne de France 4 intéresse d'une certaine manière les stations ultramarines, certains programmes très regardés pourraient être basculés sur les chaînes La 1ère pour renforcer leur attractivité. Nous n'avions pas forcément vu ce sujet que les patrons de stations ont relevé.
Nous allons également diffuser France info sur la TNT outre-mer dès 2019, ce n'était pas encore le cas. France 24 arrête en effet sa diffusion outre-mer et nous avons considéré qu'il fallait une chaîne d'information en continu outre-mer.
Je voudrais, avant de répondre à vos questions, vous rappeler les principaux engagements pris et que nous commençons déjà à mettre en oeuvre sur nos antennes :
- être capables d'avoir un sujet ou un duplex par jour ;
- en première partie de soirée, au moins une grande première partie de soirée par mois ;
- en dépit des économies réalisées chaque année sur les programmes, les 10 millions investis dans les cofinancements avec les chaînes La 1ère seront maintenus. En plus de ceux-ci, nous maintenons un feuilleton quotidien tourné outre-mer à destination des stations La 1ère, aussi disponible sur l'offre numérique dédiée ;
- une présence renforcée de France Télévisions dans les territoires avec la HD pour les chaînes La 1ère et France info dès 2019 ;
- une « semaine des outre-mer » chaque année.