Les Américains eux-mêmes se dirigent d’ailleurs vers ce schéma. Les taux remonteront un jour ou l’autre : mais, à court et moyen termes, on peut penser qu’ils resteront bas.
Cela étant, dans la même zone économique, avec la même banque centrale et la même monnaie, tous les pays n’obtiennent pas les mêmes taux d’intérêt. Nous souscrivons nos emprunts à dix ans à 0, 15 % ou 0, 11 %, voire à des taux négatifs ; nos voisins italiens empruntent, eux, à 2, 42 %.
Mesdames, messieurs les sénateurs, pensez-vous que, selon nos créanciers, le Gouvernement a pour seule qualité celle que Bonaparte trouvait à ses généraux, à savoir de la chance ? Ce mot est revenu à plusieurs reprises dans votre bouche. Je ne sais si la chance se provoque… En tout cas, je peux vous l’assurer : les créanciers regardent, non seulement les comptes publics et la sincérité des inscriptions budgétaires, mais aussi les réformes entreprises. Même si – à supposer qu’ils regardent ce document – la loi de programmation des finances publiques connaît telle ou telle approximation dans sa mise en œuvre, ils sont attentifs à la sincérité budgétaire des États et à la dynamique des réformes engagées : celle-ci leur garantit la possibilité de prêter leur argent en étant à peu près sûrs qu’il leur sera rendu.
Ces taux d’intérêt bas sont le fruit non seulement de la chance – parce que la BCE et les Américains n’augmentent pas leurs propres taux –, mais aussi, et surtout, des réformes que nous menons, et qui nous permettent de dialoguer ainsi avec nos créanciers.
Personne n’a jamais réformé la fiscalité du capital. À ce titre, j’ai entendu beaucoup de leçons de morale jusqu’à présent, notamment à la droite de l’hémicycle : mais personne n’avait supprimé l’ISF, excepté le Premier ministre Chirac, …