Mitsubishi est un conglomérat japonais, comme il en existait en France, avec la Compagnie générale d'électricité, par exemple, qui regroupait, entre autres, Thomson, Alstom et Technicolor. Elle a été démantelée, car on considérait que les entreprises devaient se concentrer sur leur coeur de métier. C'était une erreur : les conglomérats ont survécu à la crise, les entreprises concentrées sur leur coeur de métier ont disparu ou ont été rachetées.
Il faut en tirer les leçons et construire des conglomérats : imaginez que Saint-Gobain rachète Lafarge - nous disposerions d'un conglomérat dans le BTP et nous aurions évité Holcim - ou que Thalès reprenne la branche ferroviaire d'Alstom, très performante dans la signalisation.
Les marchés de Mitsubishi sont différents de ceux d'Alstom et le Japon et la France connaissent une entente culturelle ancienne, qui a été expérimentée entre Renault et Nissan, malgré les récentes péripéties. Le président de Mitsubishi, que j'ai rencontré, était disposé à entamer les discussions, mais nous ne saurons jamais ce que cela aurait donné.
Il est évident que le conseil d'administration d'Alstom avait été verrouillé par M. Kron. Celui-ci avait fait signer par avance à tous les membres, qui ont touché un surcroît de jetons de présence, l'obligation de voter comme le président. Toute autre solution que General Electric aurait donc été rejetée... Je reste convaincu que Mitsubishi aurait été une piste intéressante, qui figurait d'ailleurs dans le rapport de Roland Berger. J'ai remis ce document à la commission d'enquête sur Alstom de l'Assemblée nationale. Je vous le transmettrai, pour que vous puissiez réfléchir à nos futurs conglomérats.