Je suis heureux et honoré de vous présenter l'action de la DGLFLF. Il revient à cette délégation de coordonner et de mettre en oeuvre la politique linguistique du gouvernement. Cette politique s'inscrit dans la dynamique impulsée par le Président de la République, le 20 mars 2018, à travers son plan « Une ambition pour la langue française et le plurilinguisme ».
Selon la feuille de route que le ministre de la culture, M. Franck Riester, m'a fixée, quatre orientations majeures vont structurer le travail de la DGLFLF jusqu'en 2022 : développer de nouveaux outils pour l'emploi et l'enrichissement de la langue française ; agir dans les territoires pour la promotion des langues de France et la cohésion sociale ; promouvoir la langue française et la francophonie, en France et à l'étranger ; et enfin favoriser l'innovation dans le cadre d'une stratégie numérique pour le plurilinguisme.
S'agissant de notre premier axe de travail relatif au développement de nouveaux outils pour l'emploi et l'enrichissement de la langue française, permettez-moi tout d'abord d'en rappeler les textes fondateurs : l'article 2 de la Constitution, la loi du 4 août 1994, dite loi Toubon et le décret du 3 juillet 1996 relatif à l'enrichissement de la langue française. Mais nous sommes confrontés à un nouveau défi : faire du français une langue qui s'adresse aux nouvelles générations et qui exprime les réalités de notre monde contemporain. Pour y répondre, la DGLFLF doit développer des ressources et des outils numériques adaptés : un site internet plus dynamique, un nouvel outil numérique pour l'observation des pratiques linguistiques, une norme française de claviers permettant un usage facilité du français et des langues régionales et enfin la rénovation de la base de données FranceTerme pour aller vers une plate-forme numérique ergonomique, conviviale et interactive. Un travail d'évaluation de la diffusion des nouveaux termes au sein de notre langue devra également être mené.
Notre réseau des hauts fonctionnaires à la langue française dans les ministères doit devenir le fer de lance d'une politique exemplaire pour l'usage du français dans l'administration, en les dotant notamment de responsabilités élargies. La loi Toubon mériterait d'être renforcée dans plusieurs domaines, notamment sur la toile. Nous agirons également pour la place du français dans les sciences comme dans l'enseignement supérieur et la recherche.
Enfin, notre action internationale doit s'appuyer sur l'expertise de la DGLFLF en matière de politiques d'aménagement linguistique, recherchée par de nombreux États et gouvernements dans le monde, notamment nos partenaires privilégiés que sont le Québec et le Canada, mais aussi la Chine, la Russie, l'Espagne et l'Allemagne.
S'agissant de notre deuxième axe de travail relatif à la promotion des langues de France et à la cohésion sociale dans les territoires, le ministère de la culture fait de l'action culturelle un vecteur d'accès à la langue commune, en premier lieu dans les territoires prioritaires. Cet objectif nécessite d'impliquer les acteurs culturels et de mobiliser les réseaux de lutte contre l'illettrisme et d'apprentissage du français sur le terrain.
La promotion des langues de France comme une ressource éducative, professionnelle et économique en lien avec la nécessaire maîtrise du français, tout particulièrement dans les outre-mer, doit aussi s'exercer au plus près des territoires, dans un dialogue permanent avec les collectivités territoriales et les acteurs de terrain.
Cette approche suppose de mobiliser de nombreux départements ministériels. En ce qui concerne notre ministère, elle doit s'appuyer sur les directions régionales de l'action culturelle qui sont les garantes en région de la mise en oeuvre de la politique linguistique.
Pour mieux répondre aux besoins des acteurs de terrain, la DGLFLF a décidé en 2019 de déconcentrer plus fortement ses moyens et ses dispositifs. Dans cette logique, je souhaite que soient progressivement mis en place des pactes linguistiques entre l'État et les régions, adaptés aux spécificités de chaque territoire, pour fixer des objectifs, un cadre d'action et des ressources partagés, comme vont le faire prochainement la Nouvelle-Aquitaine et les Hauts-de-France, puis probablement La Réunion.
En 2021, dix ans après les États généraux du multilinguisme dans les outre-mer de 2011 qui se sont tenus à Cayenne, des rencontres sur les politiques linguistiques dans les territoires ultra-marins seront organisées en lien avec le secrétariat d'État aux outre-mer et le ministère de l'éducation nationale. Cet évènement, qui pourrait avoir lieu à La Réunion, constituera une nouvelle étape majeure dans la promotion de la diversité linguistique outre-mer.
Tous ces sujets appellent un dialogue renouvelé avec les parlementaires. L'organisation d'une journée d'études à l'occasion des 25 ans de la loi Toubon et à laquelle seront conviés plusieurs parlementaires s'inscrit dans cette démarche. Dans le même esprit, j'ai souhaité qu'un rendez-vous régulier soit désormais institué au Sénat, autour de l'Observatoire des pratiques linguistiques.
S'agissant de notre troisième axe de travail relatif à la promotion de la langue française et de la francophonie en France et à l'étranger, je souhaite d'abord que le goût de la langue française et le sentiment d'appartenance à la francophonie se renforcent en France. Le projet d'une Cité internationale de la langue française et de la francophonie, qui devrait ouvrir ses portes au château de Villers-Cotterêts en 2022, répond à cet objectif, de même que le projet d'un dictionnaire des francophones. Nous devons mener une politique de sensibilisation des publics rénovée, visant notamment ceux qui ont des difficultés d'appropriation du français. La DGLFLF devra s'impliquer plus activement dans toutes les politiques culturelles, afin d'y renforcer la dimension francophone.
Pour l'édition 2020 de la Semaine de la langue française et de la francophonie, la DGLFLF va multiplier les initiatives de terrain en faveur de la promotion de la langue française en mobilisant l'ensemble des directions et établissements publics du ministère. Des applications numériques ludiques sur la langue française seront également proposées à cette occasion.
La promotion de la langue française s'accompagne de la promotion de la diversité linguistique et du plurilinguisme, en France et dans le monde, et notamment en Europe. D'ores et déjà, à l'issue du conseil des ministres de la culture de l'Union européenne de novembre dernier, les enjeux de diversité linguistique et de traduction sont désormais mieux pris en compte dans le projet de règlement du futur programme Europe créative 2021-2027.
S'agissant de notre quatrième axe de travail relatif à l'innovation dans le cadre d'une stratégie numérique pour le plurilinguisme, nous devons nous appuyer sur les avancées de l'intelligence artificielle, afin de favoriser l'accessibilité et la visibilité des contenus francophones et plurilingues sur la toile.
Au plan national, la DGLFLF a déjà lancé deux appels à projets langues et numérique en 2016 et 2017, le prochain étant prévu en 2020 ; le plan présidentiel pour la langue française et le plurilinguisme prévoit la création d'une fabrique numérique du plurilinguisme, premier incubateur dédié à l'apprentissage des langues ; et la DGLFLF pilotera, avec l'Éducation nationale, la prochaine Journée de l'innovation, consacrée au numérique éducatif, en avril 2020.
Au plan européen, à l'initiative de la France, une réflexion sur le plurilinguisme, la traduction et ses métiers à l'ère du numérique est prévue dans le cadre du plan de travail des ministres de la culture de l'Union européenne pour 2019-2022. Ce sera la première fois que ces questions seront traitées à part entière dans le plan de travail culture, et je m'en félicite.
Le jalon majeur de cette stratégie sera, au plan européen, la présidence française de l'Union européenne au premier semestre 2022, au cours de laquelle la DGLFLF proposera des Assises de l'innovation et du numérique pour le plurilinguisme.
Les langues jouent et vont jouer un rôle très important dans les prochaines années pour la construction de l'Europe. Il est essentiel que les citoyens européens puissent s'exprimer dans leur langue. Il est tout aussi essentiel que l'Europe mette en oeuvre des actions pilotes et des programmes innovants, dédiés à la diversité linguistique et au plurilinguisme et qu'elle prenne des dispositions concrètes, immédiates, pour s'adresser aux citoyens, dans leur langue.