S’il est un des meilleurs du monde, notre système de santé a toutefois montré des zones de fragilité, des fractures ; il fallait donc agir, sans attendre qu’il soit trop tard.
Nous avons, ensemble, abordé tous les chapitres de cette rénovation et de cette modernisation nécessaires.
Nous avons profondément réformé l’administration sanitaire de notre pays en créant les agences régionales de santé. Nous avons entrepris une véritable révolution en réunissant, au niveau régional - le seul qui vaille -, le gestionnaire du risque et l’organisateur des soins.
Nous avons déconcentré le système de soins en le rapprochant des citoyens, sans soustraire l’État à ses responsabilités régaliennes, car on sait bien que, dans ce domaine, c’est à l’État que l’on demande des comptes.
Nous avons décloisonné ce système, entre la ville, l’hôpital, le médico-social, et nous avons donné à l’administration sanitaire une véritable mission de prévention, trop longtemps absente de notre système de santé.
Nous avons, pour protéger le médico-social et les politiques de prévention, introduit le concept novateur de fongibilité asymétrique.
Assise sur ce socle, cette réforme s’est étendue à tous les secteurs de notre système de santé.
Nous avons aussi rénové la gouvernance de l’hôpital, en la modernisant et en la clarifiant. Nous avons renforcé le pouvoir des médecins à l’hôpital en préservant la responsabilité du gestionnaire. Nous avons voulu que les coopérations hospitalières puissent s’exercer de la meilleure façon possible afin d’assurer à nos compatriotes une qualité des soins et un bon accès à ceux-ci.
Nous avons voulu que l’hôpital public, joyau de notre service public de santé, attire les meilleurs professionnels, alors que ceux-ci auraient tendance à s’en écarter. C'est la raison pour laquelle nous avons voulu à la fois le LMD et les nouveaux contrats pour les praticiens hospitaliers.
Mais il ne peut pas y avoir de bon hôpital sans un environnement propice, sans une médecine de premier recours de qualité et accessible à tous nos compatriotes.
Nous avons finalement – et ce n’était pas facile – réussi à concilier une politique ambitieuse de maillage territorial et le respect des fondements de la médecine libérale et de la liberté d’installation. Nous avons donc évité les deux écueils du laisser-faire et de la coercition.
Nous avons aussi défini ensemble une série de mesures très ambitieuses dans le domaine de la formation des jeunes médecins, en mettant notamment l’accent sur la filière universitaire de médecine générale, sur les médecins boursiers.
Nous avons aussi défini des mesures ambitieuses pour favoriser l’installation des médecins : un schéma régional d’organisation sanitaire concerté, non opposable, afin de respecter les fondements de liberté que j’ai décrits au début de mon propos ; un guichet unique pour l’installation des médecins de telle sorte que les mesures d’incitation que nous avons voulu placer au cœur du dispositif soient connues de tous.
Nous voulons favoriser de nouveaux modes d’exercice, tels que les maisons de santé pluridisciplinaires, pour libérer du temps médical, pour rendre les métiers de la santé plus attractifs à travers les coopérations entre professionnels de santé.
Nous avons voulu en quelque sorte donner de la chair à cette démarche organisationnelle en nous intéressant aux malades, car c’est d’abord pour eux que nous avons fait cette réforme avant de la faire pour notre administration ou pour les professionnels de santé.
Le titre relatif à la santé publique comporte des mesures fortes sur des déterminants de santé considérables, comme le tabac ou l’alcool. L’inscription de l’éducation thérapeutique dans le code de la santé publique est aussi une révolution culturelle. Il s’agit de développer un nouveau concept où le malade est véritablement l’acteur de la prise en charge de sa propre maladie et de sa santé.
Tout cela, mesdames, messieurs les sénateurs, n’aurait pas été possible sans vous. Et il me revient, pour conclure, de vous adresser à tous mes remerciements.
Ces nouvelles méthodes de travail n’ont pas été faciles pour moi non plus. Lorsque l’on travaille sur le texte du Gouvernement, le ministre peut être conduit à donner un avis positif sur de nombreux amendements, ce qui est beaucoup plus agréable pour les parlementaires. En l’occurrence, il était frustrant pour moi de ne pouvoir plus souvent donner un avis favorable au cours du débat, puisque, monsieur le rapporteur, monsieur le président de la commission, vous aviez déjà intégré dans votre texte tous les bons amendements et que ne restaient en discussion – il faut bien le reconnaître – que les amendements un peu moins bons, ceux sur lesquels j’étais fréquemment amenée à donner un avis défavorable.
Je voudrais en tout cas dire à tous ceux qui ont participé à ce débat combien j’ai été admirative de leur assiduité, de leur combativité et de leur capacité d’expertise.
Au premier rang de ces sénatrices et sénateurs, figurent évidemment nos deux chefs de patrouille, Nicolas About et Alain Milon.
Le président About ne s’est jamais départi de sa combativité souriante : c’est qu’il en a vu défiler des ministres de la santé !