Intervention de Ronan Dantec

Réunion du 17 juillet 2019 à 21h30
Énergie et climat — Article 3

Photo de Ronan DantecRonan Dantec :

Le débat autour de cet amendement rejoint celui que nous avons eu lors de la discussion générale.

Je rejoins ce qui a été dit précédemment : nous sommes face à une transition inéluctable. Il faut tout de même être conscient que si la France, qui a porté l’accord de Paris, ne tient pas ses propres engagements de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, c’est tout l’édifice international de réduction de ces émissions qui s’écroule. Il nous faut donc effectivement sortir du charbon, et il n’y a pas de débat là- dessus.

Je rappelle que la France subit déjà les effets du réchauffement, par exemple quand nos vergers sont ravagés par la grêle ou quand nos plants de cassis sèchent sur pied.

Même si j’en comprends tout à fait les ressorts, les dispositions de cet amendement reviennent tout de même peu ou prou à dire : « Encore quelques minutes, monsieur le bourreau ! » Compte tenu des enjeux, cela ne tient pas. Simplement, nous n’avons pas mis en place les mécanismes de solidarité nécessaires.

Le contrat de transition écologique était, au départ, une bonne idée. Il nous a été présenté comme un contrat spécifique devant être passé avec des territoires étant amenés à muter rapidement, avant de devenir peu après un machin passe-partout servant à tout et à rien – c’est un débat que nous aurons ultérieurement.

Or, dans ces territoires qui connaissent des mutations lourdes, l’État doit être planificateur – j’insiste sur ce mot, qui est un peu daté – et être capable d’y faire venir des industries : on a parlé de l’hydrogène, qui est un enjeu, ou d’Ecocombust, même s’il faut rester prudent, car ce projet n’est pas nécessairement la solution miracle, et rien ne dit qu’il sera opérationnel immédiatement.

Dans tous les cas, on a besoin d’un État aménageur, un État qui ne se contente pas d’accompagner les territoires où se produisent ces fermetures et qui soit capable, dans cette phase de transition, de créer des emplois qui leur soient prioritairement destinés. Voilà ce qui manque aujourd’hui.

De fait, et c’est un débat que nous avons souvent au Sénat, les logiques de planification et d’aménagement du territoire n’existent quasiment plus. Or la transition qui est devant nous, avec les fermetures industrielles dont elle s’accompagnera, nécessite le retour à un État fortement planificateur, avec des financements lourds.

Nous sommes évidemment obligés de changer le monde et de nous adapter. Mais l’État doit absolument mettre en place des mécanismes de solidarité financière et redevenir un État aménageur.

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