Intervention de Yves Pozzo di Borgo

Réunion du 6 juillet 2010 à 9h30
Questions orales — Projet de la bassée et risque de crue à paris

Photo de Yves Pozzo di BorgoYves Pozzo di Borgo :

Je souhaite appeler l’attention sur les conséquences d’une crue centennale comparable à celle de 1910 dans la capitale.

Surviendra-t-elle dans cinq, dix ou quinze ans ? Toujours est-il que les experts s’accordent sur ce point : le risque est bien réel. Lors de la crue de 1910, Paris a été recouvert par les eaux, ainsi qu’en témoignent les repères qui ont été disposés en différents lieux, par exemple à l’Assemblée nationale.

Nous avons pu observer les drames humains et les dégâts matériels provoqués par les inondations de juin dans le Var. À l’échelle de la capitale, l’ampleur de la catastrophe serait décuplée : selon les estimations, 500 000 Parisiens seraient directement touchés et le coût des dommages pourrait atteindre 12 milliards d’euros, soit bien plus que ce qu’avaient coûté les inondations de 1910, en raison du bétonnage auquel il a été procédé depuis lors.

Le Gouvernement semble mesurer les enjeux puisqu’il a chargé le préfet de la zone de défense et de sécurité de Paris des opérations de gestion et de coordination. Des simulations « grandeur nature » se sont d’ailleurs déroulées les 22 et 23 mars.

Je ne vois là cependant que des palliatifs ; c’est sur la protection préventive de la capitale et de sa région que les efforts doivent davantage être portés.

Le seul véritable rempart, le projet d’envergure qui pourrait limiter l’invasion de Paris par les eaux, c’est le projet de grand barrage-réservoir de la Bassée, élaboré par l’Institution des Grands Lacs de Seine.

Le coût des travaux est estimé à 500 millions d’euros : 20 % de cette somme totale devra être couverte par l’établissement public interdépartemental des Grands Lacs de Seine, en tant que maître d’ouvrage, au financement duquel le département de Paris contribue à hauteur de 50 % ; les 80 % restants devront être trouvés sur la base d’un cofinancement.

Alors que le calendrier prévoit la saisine de la Commission nationale du débat public au deuxième semestre de 2011, il est indispensable qu’un plan prévisionnel de financement soit présenté pour décembre 2010.

L’étude de faisabilité a été réalisée en 2003. En 2006, nous avions déjà perdu beaucoup de temps à réunir les 13 millions d’euros nécessaires à la réalisation de l’avant-projet – j’étais d’ailleurs intervenu dans cet hémicycle pour alerter le Gouvernement sur le sujet. Le début des travaux, qui était initialement prévu pour 2011, a donc pris un très grand retard.

J’ai interrogé l’Institution des Grands Lacs de Seine. Or il apparaît que la question du financement des travaux reste toujours au point mort. Le retard qui s’accumule ne fait que renforcer la vulnérabilité de la capitale face au risque de crue centennale.

Lors de la séance du Conseil de Paris de mai dernier, j’ai donc demandé que le département de Paris prenne ses responsabilités en vertu de son rôle de premier contributeur dans l’institution maître d’ouvrage, afin de faire avancer ce dossier vital. Je n’ai obtenu que des réponses évasives.

Et le maire de Paris laisse traîner le projet et succombe à la tentation ludo-culturelle de l’aménagement des voies sur berges pour 40 millions d’euros, préférant aménager plutôt que protéger.

Je souhaiterais savoir si l’État considère le barrage-réservoir de la Bassée comme l’une de ses priorités dans le cadre de la construction du Grand Paris.

Madame la secrétaire d’État, je souhaiterais donc connaître le rôle que l’État entend jouer dans la mise en route de ce projet, qui tarde à voir le jour. Certes, cette démarche de protection n’est pas très visible, mais elle est fondamentale pour la protection de Paris et du pays.

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