Intervention de Cyril Pellevat

Réunion du 16 juillet 2019 à 9h30
Questions orales — Prévention des avalanches et qualité des bulletins météorologiques

Photo de Cyril PellevatCyril Pellevat :

Madame la secrétaire d’État, Météo France est un établissement public administratif exerçant les attributions de l’État en matière de sécurité météorologique des personnes et des biens. À ce titre, il apporte son expertise technique aux services compétents de l’État. Mais peut-on encore parler d’expertise, au regard des failles systématiques dans les prévisions météorologiques annoncées par Météo France ? Telle est, madame la secrétaire d’État, la question qui inquiète les acteurs référents du milieu de la montagne.

Une menace de fermeture continue de planer sur les stations Météo France de Chamonix et Bourg-Saint-Maurice – mes collègues Loïc Hervé et Martine Berthet, ici présents, partagent mon inquiétude à cet égard. Le Gouvernement ne peut pas se permettre d’entretenir le flou autour de cette décision.

En effet, au-delà de leur fonction de prévision météorologique, les stations de Chamonix et Bourg-Saint-Maurice réunissent des agents qui disposent de la connaissance indispensable du territoire et de ses zones à risque, ainsi que de l’évolution des conditions nivologiques en période de crise en zone de montage. Le choix d’une approche centralisée au détriment d’une approche de proximité et celui de la confiance accordée aux capteurs automatiques au détriment de celle accordée aux salariés formés et expérimentés de Météo France nous inquiètent.

Les avalanches représentent un danger mortel pour les métiers de l’encadrement des sports de montagne. La faiblesse des outils de prévision et la perspective de la fermeture des stations Météo France laissent présager une recrudescence des accidents potentiellement mortels consécutifs à une avalanche dont la prévision n’aurait pas fait l’objet d’une diffusion préalable suffisante.

Les chiffres sont édifiants : on compte en moyenne vingt et un accidents mortels et trente décès par an ; plus de 80 % des accidents mortels touchent les activités de randonnée et de hors-piste. Vous conviendrez, madame la secrétaire d’État, que l’inquiétude des professionnels est légitime, et vous comprendrez que je la partage. Je la partage d’autant plus que j’ai échangé avec des guides de montagne ayant relevé des erreurs de prévision dépassant, selon leurs propres termes, le seuil de tolérance inévitable s’agissant d’une prévision.

Pierre Dac disait : « Les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir. » Je le lui concède… Toutefois, la qualité des bulletins météorologiques à destination des guides de montagne et des autres acteurs référents du milieu relève d’une mission de sécurité publique qui ne peut ni ne doit être sacrifiée sur l’autel du budget.

Depuis une dizaine d’années, le budget de Météo France consacré aux prévisions est en baisse : c’est alarmant, et il faut dès aujourd’hui en tirer les conséquences. À court terme, les professionnels de la montagne préfèrent aux prévisions de Météo France celles de nos voisins suisses ou belges. À plus long terme, se profile de manière inquiétante le risque d’un développement de sociétés météorologiques privées qui remettrait en question l’existence et la pertinence du service public de Météo France. Certaines entreprises monnaient déjà leur expertise, et la perspective que d’anciens salariés de Météo France rejoignent ces sociétés à but lucratif ne relève pas seulement de la fiction : cela force le constat d’un discrédit des services de l’État.

À l’heure de l’urgence climatique, la perte de précision des outils de Météo France n’est pas seulement une aberration : c’est un danger. Madame la secrétaire d’État, quelles mesures entendez-vous prendre pour remplir la mission qui est la vôtre d’assurer la sécurité des personnes et des biens, la sécurité de nos concitoyens ?

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