Si un plafond de 15 % – ce qui est déjà très élevé – de culture principale a été fixé par décret pour limiter l’utilisation de productions agricoles à destination de la méthanisation, on voit se développer, sur le terrain, des cultures intermédiaires de maïs destinées à la méthanisation. Très souvent, ces cultures de maïs sont irriguées et font l’objet d’épandages massifs de pesticides.
L’utilisation des prairies après ensilage semble également se développer, dans un contexte de sécheresses de plus en plus fréquentes entraînant des pénuries de fourrage, ce qui crée des tensions avec le monde de l’élevage.
La valorisation de la biomasse à des fins énergétiques doit se faire sans concurrence avec les productions alimentaires. Il faut éviter de suivre le modèle allemand : en 2014, près de 7 % de la surface agricole de l’Allemagne était consacrée à la méthanisation ; entre un quart et un tiers des surfaces de maïs cultivées dans ce pays sont dévolues à la production d’énergie.
Si l’on n’interdit pas la concurrence entre méthanisation et production alimentaire, on encouragera l’industrialisation de l’agriculture et de l’élevage et la création de fermes-usines – on en connaît déjà des exemples – où les animaux sont nourris avec du soja issu de la déforestation et du maïs cultivé de manière intensive. Ce mode de production d’énergie, prétendument vertueux, est en réalité néfaste pour les territoires, l’environnement et les agriculteurs.
C’est pourquoi cet amendement vise à établir clairement qu’il convient de ne pas organiser de concurrence entre production alimentaire et production d’énergie. S’il est intéressant de valoriser la biomasse à des fins énergétiques et de développer une méthanisation raisonnée, dimensionnée à la ferme et au territoire, la laisser empiéter sur la production alimentaire serait une grave erreur.