Voilà : vous partez du postulat qu'il faut instaurer la gratuité, et que le problème est ensuite de la financer. J'avais pour ma part abordé cette mission d'information sans a priori. Comme mon groupe, je considère que chaque citoyen doit participer à la prestation qu'il exige de la collectivité pour des motifs personnels. On ne fait pas payer l'éducation, ni la santé - et encore. Les personnes qui s'installent en zone périurbaine bénéficient de plus d'espace et de terrains moins chers. Pourquoi feraient-elles assumer par la collectivité le poids économique et environnemental de déplacements pendulaires plus longs ?
Le rapport m'a semblé intéressant, et ne présente pas les biais que je craignais d'y trouver, vu les convictions du rapporteur, qu'il n'hésitait d'ailleurs pas à afficher lors des auditions - ce qui pouvait aussi être un moyen efficace de pousser nos interlocuteurs dans leurs retranchements. Il constitue un excellent éclairage pour les élus locaux et leur sera utile comme aide à la décision. Il commence par établir qu'il n'y pas de solution universelle et il ne se transforme pas en plaidoyer pour une gratuité totale et générale des transports. Certaines formulations semblent présupposer la gratuité, en effet - mais telle n'est pas sa teneur globale. Il serait donc dommage de le rejeter à cause de certaines formulations. Mieux vaudrait l'amender.
Il ne faut pas opposer offre et gratuité, sans doute, mais cet arbitrage s'impose souvent aux élus locaux.
Je suis plus réservé sur la question des moyens. Le titre que vous proposez semble les placer au centre de la réflexion - cela me conduirait à voter négativement. Vous évoquez une taxe sur les parkings des grandes surfaces. Je connais les rurbains : ils ne peuvent déjà pas payer le stationnement dans les grandes villes. Créez cette taxe, après la taxe sur les carburants, et vous aurez de nouveaux gilets jaunes ! On ferait mieux de remettre un taux réduit de TVA sur les transports en commun... L'État n'a jamais été aussi peu généreux dans son soutien aux infrastructures de transport en commun des collectivités territoriales. Nous n'avons plus les moyens de financer de telles infrastructures. Faute d'avoir maintenu l'écotaxe, on fait payer aux nationaux ce qu'on ne facture pas aux transporteurs étrangers. Et la LOM ne règle pas ce problème. Vous proposez également une taxe sur les trottinettes. Mais au-delà du problème de cohabitation avec les piétons, leur multiplication nous ferait vivre dans un air moins pollué...
Je penche donc plutôt vers une abstention, car je trouverais dommage de voter contre. En tout cas, il faut renforcer l'offre de transports de l'État, qui ne doit pas s'en prendre aux particuliers s'il ne veut pas avoir de nouveau affaire aux gilets jaunes. La gratuité n'est pas socialement souhaitable. Elle se ferait sans doute au détriment des services publics locaux, ce qui renforcerait le sentiment d'injustice.