La transformation d'un territoire en passant par les agglomérations de plus en plus importantes et anonymes m'évoque ce que j'ai vécu dans le domaine de l'industrie. J'ai connu une approche très centralisée de l'informatique puis l'internet est arrivé et chaque terminal était considéré comme un terminal actif. On a ensuite mis ces intelligences en réseau afin de créer une intelligence collective, pour déboucher dans le futur sur le numérique, le digital, puis l'intelligence artificielle.
Le réseau des élus des 36 000 communes a été une force en France. En effet, ces 36 000 intelligences étaient en quelque sorte mises en réseau, surtout par les départements car les régions n'existaient pas sous leur forme actuelle. J'ai l'impression que quelque chose s'est cassé. Les maires ont été dépossédés de certains pouvoirs et, ils ont beau être intelligents, cela ne mènera guère loin s'ils ne peuvent rien faire. Les pouvoirs ont été concentrés autour de collectivités de plus en plus grandes, qui deviennent de plus en plus anonymes vis-à-vis des citoyens.
Essayons de redonner les pouvoirs aux maires ! Ce sont les plus à même d'apporter une forme d'intelligence et de proximité à leurs concitoyens. Sans faire de flagornerie, nous avons en Saône-et-Loire un conseil départemental très efficace et qui permet, à travers ces doubles élus dans chaque canton, de conserver cette proximité en péril. Le président du Grand Chalon compte sous sa responsabilité 120 000 personnes. Comment recréer de la proximité ? Cet éloignement crée des problèmes, tels les « gilets jaunes » qui ne se sentent pas écoutés, illustrant la cassure entre les hommes politiques et les citoyens ? À travers les agglomérations, les liens continuent à être coupés.