Je vous remercie tout d'abord de vos propos bienveillants à l'égard de notre système éducatif. Il est difficile de comparer les deux systèmes, mais, selon moi, le système français fonctionne très bien.
Dès le début, les Finlandais ont estimé que l'éducation était indispensable dans un petit pays pour assurer la survie de ce dernier et le rendre compétitif. L'objectif essentiel est l'égalité des chances dans l'éducation. Aujourd'hui, tous les étudiants ont la possibilité de bénéficier d'un soutien pédagogique important. Le succès repose aussi surtout sur l'orientation : en lieu et place de contrôles, notre système éducatif offre beaucoup de liberté. Le personnel enseignant est hautement qualifié ; tous les professeurs ont une formation universitaire.
Vous y avez fait allusion : nous essaierons, durant la présidence, de promouvoir l'apprentissage tout au long de la vie, une main-d'oeuvre qualifiée disponible et la mobilité des travailleurs. Nous développerons également le programme Erasmus+. Nous débattrons aussi avec les États membres de la mise en place de « super-universités », avec la mise en réseau d'établissements d'enseignement supérieur, une proposition formulée par le président Macron dans le discours qu'il a prononcé à la Sorbonne.
L'éducation et l'apprentissage sont essentiels eu égard à la révolution numérique en cours. Il importe de mettre en place une politique européenne intégrée pour faire face à la concurrence en la matière.
Concernant l'agriculture, la priorité est d'assurer la rentabilité de l'activité agricole dans tous les pays de l'Union européenne pour faire face au défi de la sécurité alimentaire et à celui du changement climatique et de la protection de l'environnement. Nous voulons trouver un compromis sur les propositions législatives de la Commission de juin 2018. Ces discussions sont étroitement liées aux négociations portant sur le cadre financier pluriannuel (CFP), ce qui complexifie encore l'exercice.
S'agissant de la politique agricole, nous partageons les objectifs que poursuit la France : la simplification et la flexibilité. Concernant les financements, nous avons été déçus par la proposition de la Commission de réduire les crédits à hauteur de 15 %. Le développement rural est essentiel. Or le Fonds européen agricole pour le développement rural a vu ses crédits diminuer de 28 %. C'est pourquoi nous voulons négocier des fonds supplémentaires.
La lutte contre le terrorisme fait partie des priorités que nous aurons à traiter. Nous aurons pour objectif de renforcer les relations entre l'Union européenne et l'Afrique. Il faut octroyer plus de fonds aux pays africains pour développer l'emploi et l'économie en vue de lutter contre les raisons profondes qui se cachent derrière le terrorisme. Il faut y coupler les ressources militaires. L'Union doit soutenir l'initiative du G5 Sahel pour responsabiliser les États africains. Naturellement, les opérations militaires, telle l'opération Barkhane, sont importantes. Il nous faut travailler ensemble pour tenter de résoudre ce problème, car il n'y a malheureusement pas d'issue rapide.
L'autonomie stratégique est la base de tout développement de la défense européenne. La Finlande soutient ce concept, mais des États membres se demandent si cette politique est compatible avec la coopération avec l'OTAN et les États-Unis, notamment après les propos de M. Trump, qui exige le partage du fardeau financier. Mais c'est précisément la voie que doit prendre l'Union européenne. Dans certains cas, l'Union européenne est le seul acteur susceptible de résoudre certaines crises très importantes. Il faut développer les capacités souveraines de l'Europe. Le Fonds européen de défense jouera à l'avenir un rôle primordial. D'autres initiatives ont été prises, telles que la coopération structurée permanente. Nous voulons poursuivre les discussions relatives à l'application de l'article 42, paragraphe 7, du traité de Lisbonne, sur la base des expériences menées par la France en 2015. Nous pourrons discuter de la manière dont nous pourrons l'invoquer. Sur ce point, on note quelques divergences de vue entre les États membres.
La Finlande peut mobiliser aujourd'hui 280 000 soldats en cas de crise ; nous avons un système de conscription. Cette force de dissuasion conventionnelle est importante à l'égard de la Russie. Nous dialoguons avec les Russes, même si nous avons été le premier pays à condamner les actions de la Russie envers l'Ukraine et la Crimée. Il convient d'encourager la Russie à mettre en oeuvre l'accord de Minsk, qui reste un préalable, et, dans le même temps, essayer de bâtir un climat de confiance entre la Finlande, la Russie et l'Union européenne.
Concernant les possibilités de convergence avec la Chine, il est clair que, lors du sommet Union européenne-Chine, quelques sujets sont apparus comme susceptibles de faire l'objet d'une coopération, comme le renforcement du système commercial multilatéral. Toutefois, les objectifs de la Chine en Afrique diffèrent des nôtres, surtout en matière de protection de l'environnement et des droits de l'Homme. Il faut poursuivre les discussions et trouver des points de convergence pour ce qui concerne le développement d'infrastructures.
Concernant la réforme de Schengen, nous allons là encore poursuivre nos discussions pour faire avancer le dossier de l'immigration avec de nouvelles propositions. Les États membres se sont accordés sur une approche globale, avec des frontières extérieures fortes, le démantèlement des réseaux criminels et de contrebande. Tout le monde le sait, il faut briser le modèle économique des passeurs, des trafiquants d'êtres humains.