Le modèle économique des grandes plateformes repose désormais sur une économie de l'attention. Les géants de l'Internet exploitent de manière publicitaire l'intérêt des utilisateurs. Ils recherchent donc à capter l'attention d'un maximum d'internautes le plus longtemps possible. Or ce sont justement les contenus polarisés qui attirent le plus de visiteurs, et génèrent donc le plus de profits. C'est un cercle vicieux auquel il faut mettre un terme.
Mettre en place l'interopérabilité constitue une solution à ce problème. En effet, la seule raison qui pousse les utilisateurs de Facebook ou d'autres réseaux sociaux à ne pas clôturer leur compte est la peur de perdre tous les liens qu'ils s'y sont créés. On parle ainsi d' « effet de réseau » : ce n'est pas la plateforme en tant que telle qui les attire ou les retient, mais bien les liens qu'elle permet de nouer.
À ce jour, les quelques offres alternatives à ces géants ne parviennent à attirer qu'un nombre minime d'utilisateurs. L'interopérabilité permettrait de casser ce modèle. Elle remettrait en cause la stratégie de ces géants. L'architecture même de ces plateformes joue sur l'économie de l'attention. Leurs algorithmes repèrent justement les contenus les plus clivants - voire violents - et s'efforcent de les mettre en avant en raison de leur caractère viral particulièrement lucratif.