Oui, mais les centres de décision restaient en France. Or nous devons être vigilants quant à l'équilibre des pouvoirs entre les conseils d'administration et les assemblées générales. Les choses sont plus compliquées aujourd'hui pour les start-up.
En ce qui concerne la coopération avec les pouvoirs publics, il y a une réelle prise de conscience, mais il faudrait que les mécanismes européens, a minima franco-allemands, soient à la hauteur et que les initiatives étatiques s'inscrivent dans la durée. Les entreprises ont parfois l'impression que chaque nouveau gouvernement, voire chaque nouveau ministre, veut tout réinventer et abandonner ce qui avait été fait précédemment ; certes, les intentions sont bonnes, mais nous avons besoin de stabilité. Devrions-nous aller vers une loi de programmation du numérique, dispositif qui a fonctionné dans le domaine de la défense ? En tout cas, les dispositifs publics doivent dépasser les alternances et les changements de ministre.
Quand je parle de naïveté, je pense aussi au fait que, dans les autres pays - aux États-Unis, en Chine, en Israël -, les start-up ou les licornes placent dans leurs conseils d'administration d'anciens hauts responsables de l'État, souvent issus des services de renseignement, alors que nous, nous mettons d'abord en avant les questions déontologiques ou de pantouflage... Ces restrictions sont légitimes, mais nous devons aussi être conscients de notre environnement et de la manière dont nos concurrents fonctionnent, c'est-à-dire en travaillant de manière étroite avec les services de renseignement de leurs Etats.