Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, qui aurait pu penser que la force exportatrice de la France puisse un jour être remise en question ? Et pourtant, cette question, nous pouvons désormais nous la poser. Avec un excédent de la balance commerciale agricole divisé par deux au cours des cinq dernières années, on peut aujourd’hui affirmer que, si nous n’y prenons pas garde, nous constaterons notre premier déficit en 2023 !
Qui aurait pu penser que cette France agricole qui, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, a réussi non seulement à produire suffisamment de denrées alimentaires pour son peuple, mais aussi à exporter dans le monde entier ses produits et son excellence en termes de qualité sanitaire et de savoir-faire, puisse devenir totalement dépendante des importations de l’agriculture d’autres pays ?
Les chiffres parlent d’eux-mêmes et témoignent malheureusement d’un déclin de notre agriculture, déclin que nous sommes les seuls à connaître au niveau mondial. En effet, le nombre de personnes travaillant dans le secteur agricole et alimentaire est passé de 12 % à 5, 5 % en quarante ans ; quant à la surface agricole, elle a fondu de 17 % en soixante ans, la superficie perdue équivalant à celle de la région Grand Est. Ce constat se vérifie moins dans les autres pays européens. Et c’est même l’inverse qui est vrai en Chine, où la surface agricole a été multipliée par 1, 5, et au Brésil, où elle a doublé.
J’ajoute que la production française stagne en volume, alors que celle de nos concurrents européens augmente. Et c’est vrai dans toutes les productions : en viande bovine, en production laitière – celle-ci est aujourd’hui au même niveau qu’en 1984, avec un nombre de vaches divisé par deux –, en céréales, tant en surface qu’en rendement.
La France est le pays au monde qui a perdu le plus de parts de marché depuis 2000 ! Elle est passée de la troisième place en 2005 à la sixième place aujourd’hui.