Intervention de Laurent Duplomb

Réunion du 1er octobre 2019 à 14h30
Régression de la place de l'agriculture française sur les marchés internationaux — Débat organisé à la demande du groupe les républicains

Photo de Laurent DuplombLaurent Duplomb :

Quant à l’Allemagne, elle a progressé, alors que l’Espagne et les Pays-Bas se maintiennent. Au même moment, de nouvelles puissances émergent, telles que la Pologne, le Brésil, la Chine et l’Inde.

Les raisons de ce déclin sont multiples. Je n’en citerai que trois, qui démontrent tous les « défauts » de notre pays.

Les trois quarts de cette érosion s’expliquent par un effet de compétitivité négatif dû, premièrement, au dumping social des pays européens concurrents – le coût horaire du travail est, en France, 1, 7 fois plus élevé qu’en Espagne et 1, 5 fois plus élevé qu’en Allemagne ; conséquence : le kilo de porc coûte 10 centimes de moins en Allemagne qu’en France, par exemple.

Deuxièmement, les charges de production connaissent une augmentation plus élevée en France, de 4 % à 7 % entre 2016 et 2019. L’alimentation animale, les engrais, l’énergie, les produits phytosanitaires coûtent plus cher qu’ailleurs, et la loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable, dite loi Égalim, va encore alourdir ces coûts !

Troisièmement, notre pays connaît une tendance à la surréglementation accentuée. Nous surtransposons sans cesse les normes européennes – dernier exemple : le glyphosate, autorisé cinq ans en Europe, sera interdit dans deux ans en France ! Ce simple exemple aura pour effet d’augmenter le coût d’un kilo de pommes de 10 centimes, alors que la pomme polonaise se vend déjà deux fois moins cher que la pomme française.

L’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économiques, classe ainsi la France comme le pays où le degré d’exigence est bien supérieur aux autres en matière de normes environnementales. Et comme si cela ne suffisait pas, nous en rajoutons une couche tous les jours : les zones de non-traitement ne sont, en la matière, que le dernier exemple en date !

Tous ces éléments, jumelés à l’agri-bashing, conduisent sans relâche à la perte de notre capacité de production. En laissant penser aux Français que notre agriculture n’est pas vertueuse, nous dégoûtons de plus en plus les producteurs, créant ce mal-être insupportable pour les agriculteurs.

Quelle profession accepterait de travailler dans cette ambiance délétère, qui conduit un agriculteur à se suicider tous les deux jours ?

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