Intervention de Hugo Huon

Commission des affaires sociales — Réunion du 3 octobre 2019 à 10h35
Audition de Mme Anne-Claire Rafflegeau porte-parole du collectif inter-urgences

Hugo Huon, président du collectif inter-urgences :

Ce rapport contient en effet des éléments très intéressants, même si, comme notre mobilisation, il n'a pas fait évoluer la situation sur le terrain. Créé il y a six mois, le collectif inter-urgences regroupe 266 services en grève sur tout le territoire. Nous dénonçons avant tout les conditions de travail et d'accueil des patients.

Les personnes âgées attendent trop longtemps sur les brancards, au prix d'une augmentation de la morbi-mortalité. Celles qui souffrent de troubles psychiatriques sont attachées sans nécessité médicale faute d'effectifs suffisants pour leur surveillance, ce qui pose des questions de respect des libertés individuelles. Enfin l'accès aux soins des personnes précaires est inadapté : nous savons bien qu'un SDF n'ira pas en pharmacie acheter les antibiotiques que nous lui prescrivons. Si un tel traitement est réservé aujourd'hui aux personnes les plus vulnérables, c'est l'ensemble de la population qui en sera victime demain.

Notre analyse s'appuie également sur le rapport de Pierre-Louis Bras, ancien inspecteur général des affaires sociales, qui montre que les dépenses hospitalières sont traitées comme une variable d'ajustement des dépenses de santé dans le but de dégager un solde excédentaire. La modération de la dépense publique à l'hôpital repose sur trois piliers : la modération des salaires, l'augmentation de la productivité et un creusement du déficit hospitalier lié au sous-investissement. Cela se traduit par des salariés qui travaillent toujours plus pour gagner moins dans des locaux inadaptés. Ainsi en quinze ans, les effectifs des urgences ont augmenté de 2 %, la productivité de 15 % alors que le pouvoir d'achat des soignants diminuait de 0,8 %.

C'est un cercle vicieux, avec un management pervers, peu de leviers d'amélioration sur le terrain et un turnover de plus en plus important. La sidération du personnel est telle que chacun songe à partir, faute de croire à la mobilisation et dans l'idée que l'hôpital est voué à la destruction.

C'est dans ce terreau que le collectif s'est forgé, le point de départ de la mobilisation étant les violences contre le personnel. Les urgences ont une forte résonance médiatique, mais les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), la psychiatrie sont eux aussi en crise : nous essayons de mobiliser l'hôpital dans son ensemble. Les personnes que je rencontre dans les services, dans leur grande majorité, viennent d'arriver ou s'apprêtent à partir... C'est désespérant. Les soignants sont de plus en plus jeunes et inexpérimentés.

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