Je suis infirmière aux urgences de l'hôpital Delafontaine de Saint-Denis. De l'avis des syndicats et des structures hospitalières, l'objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam) est très inférieur aux besoins des hôpitaux. La hausse de 2,1 % du budget de l'hôpital prévue par le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2020 est insuffisante : avec l'augmentation prévisible des dépenses programmées, l'inflation, l'augmentation des coûts de traitement, le coût d'achat et d'entretien des équipements, de rénovation et de mise aux normes des bâtis, les mesures salariales et le service de la dette, les dépenses devraient augmenter de 4,4 %.
Ce PLFSS comme les mesures annoncées en réponse à notre mobilisation ne répondent pas à l'urgence. La question de la fuite du personnel n'est pas traitée. Certaines mesures du plan de 750 millions d'euros annoncé par Mme Buzyn reprennent des mesures existantes au lieu de renforcer les structures qui fonctionnent, d'autres ne répondent pas à une réalité de terrain. On ne peut plus faire d'économies sur le dos de l'hôpital, des patients et des soignants. Nous arrivons à un point de rupture, c'est pourquoi nous vous alertons, relayant les demandes des soignants et de la population.
Les patients veulent un accès aux soins de qualité et adapté à leurs besoins. Nous proposons une revalorisation de l'Ondam ainsi que des professions hospitalières par un dégel du point d'indice, en commençant par les plus bas salaires. Nous demandons un audit public sur les besoins en lits, site par site. Nous réclamons que les 750 millions d'euros annoncés bénéficient à l'ensemble des hôpitaux et non aux seules urgences, dans le cadre d'une enveloppe budgétaire supplémentaire. Enfin, nous vous demandons de défendre, dans vos circonscriptions, le service public hospitalier. Nos collègues vous ont probablement alertés sur la situation.
Nous n'avons pas de proposition d'arbitrage budgétaire à formuler, car c'est une responsabilité qui revient au pouvoir politique. Nous exerçons un droit d'alerte, car nous avons l'impression que ce gouvernement ne saisit pas l'urgence de la situation.