Intervention de Catherine Deroche

Réunion du 15 octobre 2019 à 9h30
Questions orales — Gestion personnalisée du capital sanguin

Photo de Catherine DerocheCatherine Deroche :

Monsieur le secrétaire d’État, je souhaite vous interroger au sujet de la démarche dite du « patient blood management » (PBM), autrement dit la gestion personnalisée du capital sanguin. J’associe à cette question mes collègues Corinne Imbert, Martine Berthet, René-Paul Savary et Jean Sol, puisqu’elle fait suite à une audition commune que nous avons menée.

L’anémie préopératoire, le plus souvent causée par une carence martiale, est fréquente et constitue un facteur de risque d’augmentation des complications postopératoires. Pour y remédier, le traitement de première intention est le recours à la transfusion de concentrés de globules rouges. Les transfusions sanguines sont irremplaçables et sauvent des vies, mais les produits sanguins sont rares et précieux, chers et exposés à des risques de pénurie.

L’enjeu est donc de gérer l’anémie au mieux tout en épargnant au maximum le recours à la transfusion sanguine, et d’utiliser la transfusion non plus comme le traitement par défaut, mais comme un ultime recours.

Pour y parvenir, le PBM vise à mettre en place une stratégie coordonnée, multimodale et multidisciplinaire, voire pluriprofessionnelle, fondée sur des concepts scientifiquement validés et centrés sur le patient.

L’objectif est de maintenir des concentrations acceptables d’hémoglobine, d’optimiser l’hémostase et de minimiser les pertes sanguines.

Cette démarche est recommandée par l’OMS, la Commission européenne et les sociétés savantes internationales. La Société française d’anesthésie-réanimation souligne la nécessité de réaliser des bilans préopératoires pour diagnostiquer et traiter l’anémie préopératoire. Les patients sont le plus souvent évalués deux jours seulement avant la chirurgie alors que 25 % à 40 % d’entre eux environ sont anémiés à leur entrée à l’hôpital.

La France accuse un retard manifeste et en est au stade de l’expérimentation.

Si j’interviens ce matin, c’est parce que cette démarche a fait l’objet d’une expérimentation dans mon département, plus précisément au CHU d’Angers, sous la conduite du professeur Lasocki. Il s’agissait d’un programme « objectif zéro transfusion », qui incluait des patients admis pour une prothèse de hanche ou de genou. Les résultats cliniques ont été significatifs : augmentation des prescriptions justifiées d’EPO en préopératoire et de Fer IV et une nette baisse des patients transfusés.

Depuis la mise en œuvre du programme, le secteur anesthésie a diminué ses dépenses en produits sanguins de plus de 20 %.

En conclusion, cette approche permet de diminuer considérablement le recours aux transfusions, les complications, la durée des séjours hospitaliers, la mortalité et les coûts.

Monsieur le secrétaire d’État, ce programme expérimental PBM pourrait-il être étendu à l’ensemble du territoire ?

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