Madame la sénatrice, vous m’interrogez sur les intentions du Gouvernement à l’égard de la démarche de gestion personnalisée du capital sanguin.
Vous soulignez à juste titre que les produits sanguins labiles sont des produits précieux et rares, dont l’approvisionnement et l’autosuffisance sont aujourd’hui assurés grâce au geste altruiste des donneurs et au professionnalisme de l’Établissement français du sang.
La gestion personnalisée du capital sanguin est une approche thérapeutique multidisciplinaire centrée sur le patient, visant à optimiser la prise en charge dans un contexte transfusionnel. Agnès Buzyn y est donc particulièrement sensible, comme à toute démarche favorisant la qualité et la pertinence des soins pour le patient.
La définition d’une politique de transfusion sûre et rationnelle favorisant, chaque fois que possible, des mesures d’épargne sanguine fait déjà l’objet de recommandations professionnelles. Mais il est vrai que cette approche, particulièrement adaptée dans les contextes de chirurgie programmée, n’est pas généralisée en France. Elle est néanmoins déjà expérimentée au sein d’établissements de santé, notamment à Angers et Nantes.
La ministre a pris connaissance avec attention du livre blanc publié par les sociétés savantes en décembre 2018.
D’une part, pour évaluer et favoriser le déploiement de ces bonnes pratiques médicales et organisationnelles, la Haute Autorité de santé sera sollicitée afin de compléter ses recommandations sur la transfusion sanguine s’intégrant dans le cadre de la récupération améliorée après chirurgie (RAAC) et, le cas échéant, afin d’intégrer les enjeux des protocoles de gestion personnalisée du capital sanguin en pré, per et postopératoire.
Les sociétés savantes vont réaliser en 2020 une étude sur les données collectées dans le cadre des expériences actuellement menées dans 15 établissements de santé. Ces résultats permettront d’objectiver, à partir d’indicateurs, l’amélioration de la qualité de prise en charge des patients et le gain médico-économique associé à cette démarche.
D’autre part, plusieurs mesures d’accompagnement du développement de la chirurgie ambulatoire et de la réduction des durées de séjours chirurgicaux ont été mises en place lors de la campagne tarifaire 2019.
En particulier, un soutien au développement de l’activité de RAAC, qui inclut la gestion de l’anémie préopératoire, est d’ores et déjà mis en œuvre depuis mars 2019. Ainsi, un séjour ayant bénéficié d’actions de RAAC voit désormais sa valorisation maintenue au niveau déterminé par son niveau de sévérité, indépendamment des minorations potentielles liées à la durée du séjour.
En fonction des recommandations de la Haute Autorité de santé et des sociétés savantes, cette démarche pourra être poursuivie, voire amplifiée, pour soutenir le déploiement de l’ensemble des bonnes pratiques de gestion du capital sanguin à l’échelle nationale.