L’histoire, sur ce sujet, est parfois complexe.
On a évoqué tout à l’heure la grande loi d’apaisement Briand-Clemenceau, Georges Clemenceau ayant été appelé au ministère de l’intérieur pour participer à ce grand compromis. On oublie de dire que, dans celui-ci, une circulaire très précise, consécutive à l’adoption de la loi de 1905, autorise le port de signes ostentatoires à l’école en échange du décrochage des crucifix.
Pourquoi ? Bien sûr, il y avait la nécessité de trouver un compromis politique avec les forces conservatrices du pays mobilisées – elles ont un peu changé de point de vue aujourd’hui. Cependant, il y avait aussi le pari de l’école, parce que l’interdiction du port de la croix aurait, à l’époque, fait sortir énormément d’enfants de l’école publique pour les ramener vers les écoles confessionnelles. D’ailleurs, je suis obligé de dire que, d’un point de vue religieux, ce choix assumé de Briand a porté ses fruits, puisque, malgré le droit de porter des signes ostentatoires, la pratique catholique a plutôt baissé.
La question qui est posée aujourd’hui porte toujours sur la force de l’école : l’école est-elle assez puissante pour permettre que les enfants, qui sont évidemment héritiers de la culture et des choix religieux de leur famille, se trouvent confrontés, à l’école, à un autre cadre de valeurs ? C’est cet équilibre entre l’héritage familial et ce qu’apporte l’école qui fait société.
Finalement, avec le dispositif que vous proposez, chers collègues, vous montrez du doigt les parents, vous ramenez l’enfant vers son héritage familial et vous fragilisez le message de l’école, qui permet justement de faire société en créant une distance entre l’enseignement scolaire et ce qui relève de l’héritage familial. Je crois donc que vous allez à l’inverse de ce que vous semblez rechercher.
La loi, aujourd’hui, est claire. Elle interdit le prosélytisme. Il ne faut pas y toucher !
Le 09/12/2020 à 15:49, aristide a dit :
Définition du prosélytisme : " Zèle pour recruter de nouveaux adeptes, pour imposer son point de vue "
Il est clair qu'en demandant à quelqu'une d'ôter son foulard supposé islamique, ou sa kippa à quelqu'un, l'Etat impose son point de vue athée, il fait du prosélytisme pour l'athéisme, ce qui n'est évidemment pas acceptable dans une République laïque où la neutralité de l'Etat doit être appliquée : pas de valorisation de la religion, mais pas de négation ostentatoire de la religion.
Le 09/03/2021 à 20:06, godeleine a dit :
Il est effectivement difficile d'attribuer un sens religieux à ce que l'on voit, mais seulement pour des manipulateurs comme la France Insoumise qui nomme le voile un 'foulard' pour imposer que l'on mette les enfants dans le temps scolaire sous l'autorité d'une personne portant un costume (ou "habit") religieux, analogue à celui d'une moniale catholique; ou pour des gens peu structurés au vocabulaire imprécis qui nomment 'voile' un simple foulard (porté par B.Bardot pour maintenir sa permanente, ou par moi par frilosité crânienne),qui est un 'couvre-chef'et ne peut pas être interdit, pas plus que le turban à la Simone de Beauvoir.
Le 30/03/2021 à 08:54, aristide a dit :
Voile ou foulard, c'est bonnet blanc et blanc bonnet.
Le 07/11/2019 à 19:01, aristide a dit :
"On oublie de dire que, dans celui-ci, une circulaire très précise, consécutive à l’adoption de la loi de 1905, autorise le port de signes ostentatoires à l’école en échange du décrochage des crucifix."
Intéressant, je ne connaissais pas cette circulaire.
De toute manière, le problème n'est pas de savoir si les signes "ostentatoirement religieux" sont acceptables, mais de savoir s'il est possible pour l'Etat
1 - d'attribuer d'office un sens religieux à ce qu'il voit, et
2 -s'il lui est possible, même en ayant la preuve que ce qu'il voit est religieux, de demander à la personne de l'ôter, parce que ce signe est religieux.
Pour les deux questions, la réponse est non.
Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui