Nous accueillons M. François Delattre, qui était notre brillant représentant auprès des États-Unis puis des Nations unies, pour une audition budgétaire sur les moyens du ministère de l'Europe et des affaires étrangères (MEAE) pour 2020. Les crédits sont en hausse de 3 %, hausse qui recouvre deux mouvements opposés : le maintien d'une augmentation importante, de 7 %, des moyens de l'aide publique au développement (APD) - nous entendrons M. Rémy Rioux en fin de matinée -et la réduction annoncée des moyens de l'action extérieure de l'État avec le programme « Action publique 2022 ». Chaque année, nous nous plaignons amèrement de la contraction des moyens de l'État...
Pour l'aide publique au développement, nos interrogations sur la réalité du pilotage politique de l'opérateur AFD ne sont pas apaisées, compte tenu de sa croissance, de l'éclatement de ses tutelles, et de la disproportion croissante de leurs moyens respectifs. Notre commission a toujours regretté qu'il n'y ait pas un ministère de la coopération et du développement - sans pour autant remettre en cause les compétences du directeur général... De plus, la nouvelle croissance des crédits ne sécurise pas la trajectoire susceptible de conduire au 0,55% du revenu national brut (RNB) annoncé, à moins d'une augmentation massive, donc peu réaliste, sur les deux prochaines années. Nous aimerions aussi débattre des grandes orientations, de la répartition entre aide bi- et multilatérale et de l'évaluation, de l'avenir d'Expertise France. Enfin, quand la loi d'orientation, qui traitera de ces sujets, sera-t-elle déposée ?
Nous sommes dubitatifs sur les moyens du réseau diplomatique. Quel est finalement le résultat de la mutualisation interministérielle à l'étranger annoncée et amorcée l'année dernière ? Elle englobait le personnel, les logements et les moyens. Mais tous les ministères ont-ils joué le jeu, notamment Bercy et La Défense ? Quels sont les résultats : des pools de chauffeurs, des secrétariats communs, des parcs immobiliers rationalisés ? Pourtant, dans certains pays, les implantations françaises sont encore éparpillées : il y a six implantations à Haïti par exemple. Cette mutualisation est-elle un réel levier de rationalisation ?
Le plan de développement de l'enseignement français à l'étranger mobilise 25 millions d'euros supplémentaires, en faveur de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE) : cette augmentation de crédits est-elle limitée à 2020 ou bien pérenne ? Les objectifs sont très ambitieux, puisque le Président de la République souhaite doubler le nombre d'élèves d'ici à 2030, donc transformer très profondément le réseau, qui devra avoir une taille suffisante pour accueillir ces élèves, sans le dénaturer. C'est un défi majeur !
Nos rapporteurs ne manqueront pas de vous interroger sur le projet immobilier Quai d'Orsay 21, dont ils ont visité le chantier.
Cette audition fait l'objet d'une captation vidéo diffusée en direct et en vidéo à la demande.