Nous accueillons à présent Rémy Rioux, directeur général de l'Agence française de développement (AFD).
Le groupe AFD poursuit sa croissance extrêmement rapide, conformément aux engagements présidentiels d'augmenter de 4 milliards d'euros les autorisations dans les pays étrangers à l'horizon 2020. L'objectif pour 2019 est ainsi d'atteindre 13,9 milliards d'euros d'autorisations d'engagement, soit une hausse de 22 % par rapport à 2018. Avez-vous les moyens de faire face à une telle croissance ?
L'AFD bénéficie aussi depuis quelques années d'une forte progression de ses capacités en dons, ce qui permet d'atteindre davantage les pays les plus pauvres et nous rapproche ainsi des autres grands pays européens donateurs. Cette progression est confirmée dans le projet de loi de finances avec environ 360 millions d'euros de crédits de paiement en dons-projet et pour les ONG. C'est un changement d'échelle pour l'Agence : comment s'y est-elle adaptée, et quels sont les projets types désormais financés par ce biais ? Pourriez-vous nous donner quelques exemples dans les pays du Sahel ?
Enfin, vous savez que nous attendons avec une certaine impatience la réactualisation de la loi d'orientation sur le développement, reportée à maintes reprises. Nous avons établi une sorte de cahier des charges conjoint avec l'Assemblée nationale que nous avons remis au ministre voilà plusieurs mois déjà. Les principaux points que nous souhaitons voir aborder concernent la création d'une instance d'évaluation indépendante de nos politiques d'aide au développement, le nouveau statut d'Expertise France au sein du groupe AFD et la programmation financière permettant d'avoir une visibilité pluriannuelle sur la politique d'aide au développement.
J'ai examiné précisément les dépenses relatives à l'aide publique au développement et certains chiffres m'ont sauté aux yeux : la Turquie est le premier destinataire de l'aide publique française, l'Inde en est le quatrième, l'Indonésie, dont 65 millions d'habitants ont un niveau de vie comparable à celui des Français, en est le neuvième... Le Mali, premier pays à en bénéficier parmi les plus pauvres et où 4 500 de nos soldats risquent leur vie au quotidien, n'arrive qu'en seizième position et le Burkina Faso en dix-neuvième position. Le Brésil, dont le chef d'État insulte régulièrement le nôtre occupe la onzième position de ce classement !
Il ne s'agit pas d'une critique vis-à-vis de l'AFD, mais d'une question de fond que nous allons aborder lors de la discussion de cette loi d'orientation. Le Parlement est là pour contrôler et évaluer. Vous vous souvenez de nos échanges sur les crédits consentis à la Chine, laquelle s'est vantée de pouvoir acheter le Portugal avec un seul chèque... Ne faudrait-il pas envisager un réexamen profond de cette aide au développement au regard du contexte international ?
Je vais vous laisser la parole pour un exposé d'une dizaine de minutes avant de la donner à nos rapporteurs puis aux autres membres de la commission.
Je rappelle que cette audition est filmée et retransmise sur le site internet du Sénat.