Ma question s’adressait à Mme la ministre de la transition écologique ; elle porte sur le développement, en particulier dans la région des Hauts-de-France, des éoliennes, sujet devenu source récurrente de mécontentement sur place.
Si le Grenelle II de l’environnement est, certes, une priorité, force est de constater les dérives de certains acteurs et les conséquences réelles de ce développement pour les riverains. Outre les démarches intrusives, les passages en force malgré les avis négatifs des communes, les utilisations sans autorisation de chemins communaux ou encore l’accaparement de parcelles communales, la multiplication anarchique des éoliennes mite inexorablement les paysages de cette région et exaspère la population.
Or, à ce jour, la région Hauts-de-France remplit déjà ses objectifs pour 2020. Pourtant, nombre de projets sont encore en gestation, surtout depuis la suppression de la loi qui portait schéma de développement de l’éolien. On compte donc 540 éoliennes dans l’Aisne et près de 2 000 appareils au total dans la région, sans compter les 800 installations autorisées mais non encore construites, et les 733 projets en cours d’instruction.
Ces machines, ne faisant l’objet ni de rationalisation ni de gestion des paysages, atteignent des hauteurs supérieures à 200 mètres et se situent à 500 mètres des habitations.
L’annonce d’un triplement du parc éolien, pour atteindre près de 15 000 mâts à l’horizon de 2028 sur tout le territoire, et l’instauration d’enquêtes publiques via internet, alors même que nos territoires ont de graves difficultés d’accès au réseau internet et que nombre de nos concitoyens sont frappés d’illectronisme, suscitent de grandes et fortes inquiétudes.
Enfin, le 18 avril 2018, la Cour des comptes s’inquiétait du coût prohibitif, pour les finances publiques, du développement de l’éolien : selon elle, les contrats de l’éolien coûteront « 40, 7 milliards d’euros sur vingt ans, pour […] 2 % de la production française ».
En outre, dans les campagnes, le gigantisme des centrales éoliennes commence à détruire le corps social, entre ceux qui touchent de l’argent – propriétaires et collectivités – et ceux qui subissent les nuisances.
Il paraît donc urgent de faire un état général des lieux des avantages et inconvénients des nouveaux modes de production d’énergie, que ce soit l’éolien, le photovoltaïque ou la méthanisation, et d’associer effectivement et davantage les collectivités locales, les élus et les habitants aux projets ayant une incidence évidente sur leur quotidien.