Intervention de Catherine Troendle

Commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d'administration générale — Réunion du 20 novembre 2019 à 9h05
Projet de loi de finances pour 2020 — Mission « sécurités » - programme « sécurité civile » - examen du rapport pour avis

Photo de Catherine TroendleCatherine Troendle, rapporteur pour avis :

Il y a quelques années, il existait un fonds d'aide à l'investissement, abondé chaque année de plusieurs millions d'euros, pour soutenir les investissements des SDIS. Petit à petit, ces crédits ont été fléchés vers Antares, ce qui peut se comprendre. Nous avions dégagé plus de 30 millions d'euros à l'occasion de la réforme de la prestation de fidélisation et de reconnaissance. L'État s'était engagé à consacrer cette somme aux investissements des SDIS. Mais dès la deuxième année, seuls 10 millions d'euros restaient. Et là, il n'y a quasiment plus rien. C'est inacceptable ! Toutes les économies réalisées par la sécurité civile sont fléchées vers autre chose. Or les collectivités territoriales contribuent cinq fois plus que l'État à la sécurité civile. Si nous devions subir les conséquences de l'arrêt Matzak, cela coûterait 2,5 milliards d'euros aux SDIS. Ce serait la fin de notre système.

Oui, 85 % des interventions sont du secours à la personne. C'est lié à la désertification médicale, qui continue à être organisée. Les sapeurs-pompiers feront le travail, pense-t-on - et ils sont en effet programmés pour un départ réflexe, urgence ou non. Quant aux carences ambulancières, c'est un pur scandale ! Les ambulanciers choisissent les interventions rentables, tout simplement. Pour les autres, on envoie les pompiers, auxquels on verse 118 euros, alors que le coût est de 460 euros. Encore le paiement est-il parfois différé d'un an.

Je préside le Conseil national des sapeurs-pompiers volontaires, au sein duquel a été créé un groupe de travail sur les 34 mesures destinées à lutter contre la baisse du volontariat. L'obligation de suivre les deux formations, secours à personne et lutte contre le feu, avait fini par constituer un plafond de verre en dissuadant les femmes de s'engager. Désormais, seule la première est obligatoire immédiatement, puisqu'aussi bien 85 % des interventions concernent du secours à personne. Cela dit, nous continuerons à avoir besoin de pompiers formés à la lutte contre les incendies.

Si le Gouvernement ne comprend pas que nous devons monter tous au créneau pour obtenir une directive spécifique défendant l'engagement citoyen, nous allons droit dans le mur. Il considère qu'un décret pourra toujours être retiré, mais en fait c'est mettre le doigt dans l'engrenage. Le projet de directive est prêt et les fédérations européennes de sapeurs-pompiers doivent unir leurs forces à celles des responsables politiques. Les députés européens semblent avoir pris la mesure du problème, et le président du Bundestag a envoyé une lettre de soutien à la position française. Le Gouvernement doit comprendre que c'est la seule solution. J'ajoute qu'à chaque catastrophe naturelle, ce sont nos colonnes qui se rendent sur place, dans le cadre du mécanisme européen de protection civile... Et le nouveau commissaire européen, luxembourgeois, connaît bien notre système.

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