Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, le budget 2020 consacré au programme « Sport » affiche une nette hausse – +35, 5 % –, après deux baisses successives en autant d’années.
Si nous nous trouvions dans un stade, nous devrions vous applaudir mais, dans ce stade de France, ce ne sont pas des Jeux, mais ce sont des enjeux forts qui se jouent pour notre pays.
L’attribution des jeux Olympiques de 2024 devrait susciter un formidable élan vers une France sportive rêvant, comme le Président de la République l’annonçait, de 3 millions de licenciés en plus des 18 millions de licenciés actuels.
Malheureusement, c’est le moment qu’a choisi le Gouvernement pour annoncer la remise en cause de notre modèle sportif français. On peut faire mieux d’État, en le modernisant, mais on ne peut pas faire moins d’État.
Une certitude demeure : les prises de position actuelles risquent de nous emmener vers la fin du modèle sportif de certaines fédérations. Nous savons que nous pouvons toiletter ce modèle décidé par le général de Gaulle en 1960 après les résultats décevants des jeux Olympiques, qui avait créé les directeurs techniques nationaux, les conseillers techniques d’État et lancé les lois de programme sur les équipements sportifs.
Néanmoins, les missions des fédérations ont évolué au-delà de l’organisation du haut niveau. Il leur a été reconnu des missions d’intérêt général et de service public, consignées dans une convention pluriannuelle d’objectifs, qu’elles mènent dans des domaines variés, pour le compte d’autres politiques publiques ministérielles, que ce soient la santé, le tourisme, les affaires étrangères, le développement durable, la recherche, l’intérieur, l’éducation nationale, la ville, l’agriculture, sans que ces ministères les financent sur leurs propres crédits.
Les fédérations sportives et les bénévoles maintiennent une activité dans des zones fragiles, rurales comme urbaines, en luttant contre la désocialisation et la désertification. Il s’agit là de missions d’intérêt général auxquelles aucune structure privée ne saurait se substituer, tant ces opérations offrent un manque de perspectives et de rentabilité.
Une certitude, je le répète, nous nous acheminons vers la fin du modèle sportif fédéral avec la mort de certaines fédérations.
Si l’on en croit les chiffres figurant dans ce budget, la plupart, les plus grosses, très médiatisées, n’ont actuellement ou n’auront aucun problème. Il nous faut maintenir les moyens d’entretenir la force de frappe que sont les CTS, chevilles ouvrières du sport français.
Il est temps de moderniser les rapports au sein du sport hexagonal en renforçant le ministère des sports, au niveau tant national que local, en mettant en place une structure forte pour préparer les jeux Olympiques et Paralympiques, et en rapprochant le sport et l’éducation nationale.
Madame la ministre, il est surtout temps de faire confiance aux fédérations, aux clubs et aux cadres publics pour bien préparer la suite des jeux Olympiques de 2024, pour que votre budget soit non pas un budget d’affichage, mais un budget ambitieux et réaliste. Tout cela ne se fera pas sans que votre ministère, et surtout l’État, garantisse un financement sécurisé et pérenne.
Le père Didon, prêtre dominicain, proviseur de lycée, est l’auteur une formule reprise par Pierre de Coubertin : Citius, altius, fortius. J’espère, madame la ministre, que vous vous en imprégnerez tout au long de votre action !