Intervention de Sylvie Robert

Réunion du 28 novembre 2019 à 10h45
Loi de finances pour 2020 — Sport jeunesse et vie associative

Photo de Sylvie RobertSylvie Robert :

Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, la problématique principale posée par le programme 163, « Jeunesse et vie associative », réside dans son déficit de cohérence et dans la difficulté à saisir quelle est la véritable vision du Gouvernement en faveur de la jeunesse et de l’engagement citoyen.

L’illustration la plus évidente de ce constat est l’absence d’articulation réelle entre le service national universel et le service civique, alors même que ces deux dispositifs ont comme point commun de vouloir renforcer la culture de l’engagement.

Pire, l’expérimentation progressive de l’un semble freiner la montée en puissance de l’autre. En effet, le service civique, pourtant bien identifié et estimé par les 16-25 ans, qui se disent enthousiastes à son évocation, semble avoir atteint un plafond cette année, faute de crédits suffisants. À cet égard, le nombre et la durée des missions auraient été affectés, freinant ainsi cet « enthousiasme » et questionnant les structures d’accueil quant à l’avenir du service civique.

Afin d’atteindre la cible des 150 000 jeunes, 30 millions d’euros supplémentaires seraient nécessaires par rapport à la loi de finances initiale pour 2019, soit 17 millions d’euros de crédits en sus de ce qui est actuellement budgété. Or ces 30 millions d’euros correspondent précisément au montant alloué au SNU, qui doit concerner quelque 20 000 volontaires en 2020.

Monsieur le secrétaire d’État, dans un contexte budgétaire particulièrement contraint, pouvez-vous clarifier la position du Gouvernement sur le service civique et son devenir ? Entendez-vous revenir sur la grande ambition initialement attribuée à ce dispositif ?

À titre personnel, j’appelle votre attention sur le fait que le déploiement de dispositifs d’affichage, tel que le SNU, se fait au détriment d’une logique d’insertion par l’engagement, qui, par essence, ne peut avoir d’effets que sur le temps long. C’est cette même logique d’affichage qui prévaut entre le pass culture et l’éducation artistique et culturelle. Nous avons eu ce débat en commission de la culture hier.

Parallèlement, il convient de noter que le budget dévolu au SNU sera supérieur de 5 millions d’euros à celui qui sert à financer les projets associatifs, alors que la France compte 12, 7 millions de bénévoles, 23 millions d’adhérents, et que le milieu associatif représente 1, 8 million d’emplois. Encore une fois, n’est-ce pas disproportionné, au moment où la dépense publique est limitée ?

Enfin, j’aimerais brièvement aborder un sujet qui me tient particulièrement à cœur, celui de l’éducation populaire. Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a récemment rendu un rapport très intéressant sur l’éducation populaire comme exigence du XXIe siècle. Malheureusement, cette exigence ne paraît pas vraiment partagée par le Gouvernement, les crédits dédiés à l’éducation populaire constituant à peine plus de 10 % du budget du programme.

Monsieur le secrétaire d’État, comptez-vous mettre en place une stratégie visant à redynamiser l’éducation populaire, comme le préconise le CESE, en investissant notamment dans les politiques publiques afférentes ?

Quoi qu’il en soit, le budget qui nous est présenté aujourd’hui nous laisse sur notre faim, tant les arbitrages rendus nous semblent vraiment éloignés d’une politique claire, affirmée et ambitieuse en faveur de tous les jeunes et de leur désir d’engagement dans la société.

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