Monsieur le président, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, je souhaite tout d’abord remercier et féliciter l’ensemble des rapporteurs, qui nous permettent de mieux appréhender les différentes politiques publiques développées dans la mission « Économie » du projet de loi de finances pour 2020.
Celle-ci, que nous examinons aujourd’hui, nous laisse un sentiment très mitigé sur la politique conduite par le Gouvernement. Elle illustre finalement et malheureusement très bien les risques du « en même temps ». Elle fait en effet passer nos avis de favorables à défavorables selon l’angle d’observation.
On passe du positif quand on regarde l’augmentation de près de 20 % des crédits de la mission par rapport à 2019, au négatif quand on constate l’absence de véritable stratégie industrielle. On passe de l’enthousiasme quand on se félicite des engagements sur le plan France Très haut débit, à la déception quand on réalise que c’est au détriment du Fisac, dont l’extinction est proche.
Or une politique économique et industrielle ne peut se mener que si elle a deux orientations majeures : d’une part, une vision stratégique nationale et européenne qui fixe un cap ; d’autre part, une ambition et des outils performants qui irriguent le territoire. C’est l’absence d’articulation entre ces deux axes qui nous semble constituer un manque.
Comme la plupart des pays développés, la France a été confrontée à la désindustrialisation de son économie, la part de l’industrie dans le produit intérieur brut étant passée de 24 % en 1980 à 12, 6 % en 2016. Ainsi, 25 % des emplois industriels ont disparu depuis l’an 2000.
Une telle situation peut être corrigée à condition que l’État se donne les moyens d’accompagner efficacement son industrie et les territoires, et qu’il se comporte en véritable stratège.
Malheureusement, nous observons aujourd’hui un comportement relevant plus de l’État pompier que de l’État stratège. C’est ce que constate et dénonce notamment notre collègue Valérie Létard dans son rapport d’information sur les enjeux de la filière sidérurgique dans la France du XXIe siècle.
Qui pilote la stratégie au sein du Gouvernement ? Y a-t-il un ministre qui ne soit pas juste le sauveteur des plans de licenciements ? Il y a nécessité et urgence de tracer un plan stratégique pour créer de l’emploi, pour retrouver une place majeure dans l’industrie mondiale, pour s’adapter à l’économie du numérique et climatique et pour inciter à la recherche dans ces domaines.
Tout cela suppose un pilotage et une transversalité dans les missions ; ce n’est pas ce que j’observe actuellement. Une telle démarche permettrait de tracer des perspectives et de créer un environnement favorable. Cela passe par le renforcement des aides pour la création d’entreprises et l’innovation, ainsi que par le développement de la recherche.
Il faut ensuite diffuser et irriguer notre territoire avec les bons outils et les bonnes infrastructures. Je souhaite aborder, d’une part, le numérique et, d’autre part, l’artisanat et le commerce local.
Nous ne pouvons que saluer les objectifs du plan France Très haut débit : atteindre 100 % de locaux couverts en très haut débit d’ici à 2022 et garantir que les financements seront au rendez-vous. C’est un peu l’arbre qui cache la forêt. Mais c’est un bel arbre, qui mérite de grandir.
Ainsi que Mme la rapporteure pour avis Anne-Catherine Loisier le rappelait, si les grandes villes sont couvertes en fibre optique à 85 %, les villes moyennes ne le sont qu’à 53 % et les zones rurales à 15 % !
Saluons la décision du Gouvernement de rouvrir le guichet numérique à la fin du mois d’octobre 2019. C’était attendu par les entreprises, par les collectivités locales, qui ont pris toute leur part dans le déploiement des infrastructures, en particulier en milieu rural, et, bien évidemment, par les habitants.
Je soutiens les propositions de Mme la rapporteure pour avis Anne-Catherine Loisier, qui souhaite rendre possible l’équipement des vingt-sept départements et de toutes les zones rurales en attente, afin de « booster » notre économie.
Pour finir sur les aspects locaux, comment ne pas évoquer la fin totale du Fisac en 2020 ? Le Sénat était unanime sur le sujet, mais le Gouvernement ne nous a pas entendus.