Monsieur le président, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, cette mission a pour objectif de soutenir les dynamiques économiques du pays et, par voie de conséquence, les dynamiques économiques et sociales des territoires.
De manière globale, sur l’ensemble de la mission, on ne peut que déplorer la baisse du plafond d’emplois, 294 équivalents temps plein étant retirés. Cette baisse de ressources humaines s’inscrit finalement dans la continuité de la politique du Gouvernement, qui vise à réduire le service public.
Il faut s’attacher à regarder les conséquences de ces choix politiques sur l’économie de nos territoires, notamment sur celle de la ruralité. Pour cela, il nous paraît primordial d’étudier les choix faits sur le Fonds d’intervention pour les services, l’artisanat et le commerce (Fisac), sur les chambres de commerce et d’industrie et sur le plan France Très haut débit.
Le Programme 134, « Développement des entreprises et régulations », cristallise sensiblement les conséquences des choix budgétaires du Gouvernement en zone rurale. S’il bénéficie d’une hausse de 15 % de son enveloppe, aucun crédit supplémentaire n’est prévu pour la ruralité, ce qui se traduit très concrètement par la disparition du Fisac.
Après avoir subi plusieurs années de baisse de son budget, le Fisac se retrouve désormais fondu dans l’Agence nationale de la cohésion des territoires. Si cette réforme répond à un besoin des collectivités, elle ne leur apporte aucune plus-value financière. En effet, cette nouvelle agence correspond uniquement à une mise en commun de moyens, et non à une politique de redynamisation ambitieuse qui permettrait de valoriser nos territoires, ainsi que les femmes et les hommes qui y travaillent et y vivent.
Finalement, le Gouvernement choisit d’abandonner un dispositif qui fonctionnait bien, démontrant qu’il délaisse nos régions, nos artisans et nos commerçants.
Il en est de même pour les chambres de commerce et d’industrie.
En effet, la mise en place de la loi Pacte, qui devait, selon le ministre de l’économie, « transformer profondément les chambres de commerce et d’industrie », a surtout entraîné une chute de leurs ressources fiscales. En fragilisant les CCI, ces piliers solides sur lesquels nos régions pouvaient s’appuyer, on fragilise l’ensemble du tissu économique. L’État choisit de se retirer inexorablement des politiques économiques de proximité et de laisser peser les dépenses sur les autres collectivités. Pourtant, nos chambres les plus vulnérables se situent en zone rurale.
Ces choix budgétaires sont étonnants, car les CCI assurent un rôle important de formation, de diffusion de l’information et de prévention auprès des TPE et PME. Ce sont des institutions vers lesquelles les entrepreneurs, les commerçants et les artisans peuvent se tourner pour être accompagnés et conseillés efficacement dans leurs démarches.
Or, si, par sa compétence en matière d’économie, la région a un rôle à jouer, les chambres de commerce et d’industrie accomplissent un travail complémentaire de proximité et de soutien des dynamiques économiques, sociales et environnementales des territoires. Leur rôle est d’autant plus important dans les zones rurales. Elles connaissent bien ces hommes et ces femmes qui œuvrent à animer la vie de nos départements ruraux. Ce sont aussi elles qui tissent et entretiennent le maillage territorial, donc animent la vie économique et sociale des départements.
Le groupe socialiste et républicain regrette que l’amendement visant à garantir un plancher de financement, qui aurait pu assurer le maintien des CCI fragilisées, n’ait pas été intégré dans le projet de loi de finances pour 2020.
Madame la secrétaire d’État, au moment de la loi Pacte, vous aviez évoqué une aide pour les structures fragiles, ainsi qu’une nouvelle péréquation en faveur des CCI rurales. Aujourd’hui, une fois de plus, en présentant ce budget, vous ne tenez pas vos promesses. À travers les CCI, c’est l’ensemble du tissu économique des territoires que vous mettez en péril, des territoires qui subissent une dévitalisation et un éloignement accentués par la fracture numérique.
Cela nous amène à notre dernier point : le plan France Très haut débit. On pourrait penser que, avec la hausse des crédits de paiement, le budget alloué à ce plan serait en forte hausse. Malheureusement, cette augmentation ne résulte que des mouvements comptables des années précédentes.
L’investissement dans les réseaux d’initiative publique (RIP) avait été évalué à environ 14 milliards d’euros. L’État s’était engagé à hauteur de 3, 3 milliards d’euros d’ici à 2022, soit la moitié du financement public.
Nous souhaitons vous rappeler l’importance de l’accès au numérique pour les TPE et les PME des territoires ruraux. Ces entreprises ont besoin de ne pas être tenues à l’écart des outils numériques. Il en va de leur efficacité et de leur compétitivité comme de leur développement.
Or, si les opérateurs téléphoniques et l’État préparent actuellement l’arrivée de la 5G, près de 15 % du territoire national n’a toujours pas accès au très haut débit.